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Dans son jugement, la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples (CADHP) ordonne &agrave; l'Etat ivoirien de "prendre toutes mesures n&eacute;cessaires en vue de lever imm&eacute;diatement tous les obstacles emp&ecirc;chant le requ&eacute;rant (M.Gbagbo) de s'enregistrer sur la liste &eacute;lectorale".
L'ex-chef d'Etat (2000-2010) ne figure pas sur les listes &eacute;lectorales r&eacute;vis&eacute;es cette ann&eacute;e, il ne peut donc ni voter, ni &ecirc;tre candidat.&nbsp;
Mi-septembre, le Conseil constitutionnel ivoirien a rejet&eacute; la candidature de Laurent Gbagbo &agrave; la pr&eacute;sidentielle.Cette candidature avait &eacute;t&eacute; d&eacute;pos&eacute;e par ses partisans, lui-m&ecirc;me ne s'&eacute;tant pas exprim&eacute; sur le sujet.
Selon les autorit&eacute;s ivoiriennes, cette d&eacute;cision a fait suite &agrave; la condamnation de M. Gbagbo par la justice ivoirienne &agrave; 20 ans de prison, dans l'affaire dite du "braquage de la BCEAO", la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, lors de la crise post-&eacute;lectorale de 2010-2011.&nbsp;
Le Conseil constitutionnel a aussi argu&eacute; que le dossier de M. Gbagbo ne comprenait pas une d&eacute;claration sign&eacute;e de sa main faisant acte de candidature.Et il n'a par ailleurs pas renonc&eacute; &agrave; son poste de membre de droit du Conseil constitutionnel en tant qu'ancien pr&eacute;sident de la R&eacute;publique, ce qui selon le Conseil, l'emp&ecirc;che de se pr&eacute;senter.
Saisie par M. Gbagbo d&eacute;but septembre, la Cour africaine qui si&egrave;ge &agrave; Arusha (Tanzanie), ordonne &eacute;galement &agrave; l'Etat ivoirien de "suspendre la mention de la condamnation p&eacute;nale du casier judiciaire".

- "Provocation" -

L'avocat de Laurent Gbagbo, Ma&icirc;tre Claude Maintenon, s'est dit aupr&egrave;s de l'AFP "satisfait" du jugement, tout en notant que "l'application d&eacute;pend du bon vouloir de l'Etat".
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Tour&eacute;, a jug&eacute; pour sa part que la CAHDP "est dans sa logique d'attenter &agrave; la souverainet&eacute; de l'Etat" ivoirien."Les questions &eacute;lectorales rel&egrave;vent de notre souverainet&eacute; nationale", a-t-il insist&eacute;.&nbsp;
Acquitt&eacute; en premi&egrave;re instance de crimes contre l'humanit&eacute; par la Cour p&eacute;nale internationale de La Haye, M. Gbagbo, 75 ans, attend en Belgique un &eacute;ventuel proc&egrave;s en appel.Il ne peut pas rentrer en C&ocirc;te d'Ivoire, les autorit&eacute;s ivoiriennes refusant, selon ses avocats, de lui d&eacute;livrer un passeport.
Le Conseil constitutionnel ivoirien a refus&eacute; 40 des 44 candidatures &agrave; la pr&eacute;sidentielle d'octobre dont celle de Laurent Gbagbo et celle de l'ex-chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro.&nbsp;
Elle a en revanche valid&eacute; la candidature controvers&eacute;e &agrave; un troisi&egrave;me mandat du pr&eacute;sident sortant Alassane Ouattara.
Il y a dix jours, la CADHP a demand&eacute; &agrave; la C&ocirc;te d'Ivoire de permettre la candidature de M. Soro, refus&eacute;e par la Cour constitutionnelle ivoirienne apr&egrave;s sa condamnation &agrave; 20 ans de prison pour "recel de d&eacute;tournement de deniers publics".Il est aussi accus&eacute; de "tentative d'insurrection".
"Soro, comme Gbagbo, a &eacute;t&eacute; &eacute;cart&eacute; car son casier judiciaire n'est pas vierge.Tous deux le savaient parfaitement: leurs candidatures rel&egrave;vent de la provocation", a d&eacute;clar&eacute; M. Ouattara dans un entretien publi&eacute; jeudi par l'hebdomadaire fran&ccedil;ais Paris Match.

- Tension -

La tension politique est forte en C&ocirc;te d'Ivoire &agrave; un peu plus d'un mois du scrutin pr&eacute;sidentiel.Il y dix ans, la crise n&eacute;e de l'&eacute;lection de 2010, apr&egrave;s le refus de Laurent Gbagbo de reconna&icirc;tre sa d&eacute;faite face &agrave; Alassane Ouattara, avait fait 3.000 morts.
En ao&ucirc;t, une quinzaine de personnes ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;es dans des violences apr&egrave;s l'annonce de la candidature de M. Ouattara, qualifi&eacute;e de "forfaiture" par l'opposition.
La Constitution limite &agrave; deux le nombre de mandats pr&eacute;sidentiels, mais le Conseil constitutionnel a estim&eacute; que l'entr&eacute;e en vigueur d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur &agrave; z&eacute;ro pour l'actuel chef de l'Etat.Une interpr&eacute;tation contest&eacute;e par l'opposition.
Accusant la Cour africaine de porter "atteinte &agrave; la souverainet&eacute; de la C&ocirc;te d'Ivoire", Abidjan lui a "retir&eacute; sa d&eacute;claration de comp&eacute;tence" en avril et de fait se d&eacute;sint&eacute;resse depuis des d&eacute;cisions de la Cour.&nbsp;
Ce retrait &eacute;tait intervenu apr&egrave;s que la CADHP eut ordonn&eacute; de suspendre les proc&eacute;dures judiciaires &agrave; l'encontre de M. Soro, qui l'avait saisie.
Abidjan reste cependant juridiquement li&eacute; &agrave; ses d&eacute;cisions.La Cour note en effet dans son jugement que le retrait de comp&eacute;tence ne devient effectif qu'&agrave; "l'expiration du d&eacute;lai d'un an", soit &agrave; partir d'avril 2021.
Et ce retrait de comp&eacute;tence signifie seulement que l'Etat ivoirien ne permet plus &agrave; la Cour de "recevoir des requ&ecirc;tes d'individus et d'organisations non-gouvernementales".

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