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Pour la première fois depuis le 22 février 2019, les rues d'Alger sont vides un vendredi.Le nouveau coronavirus a eu raison, au moins temporairement, des marches hebdomadaires du mouvement de contestation du pouvoir algérien.

En ce 57e vendredi du "Hirak", le soul&egrave;vement pacifique antir&eacute;gime qui &eacute;branle l'Alg&eacute;rie depuis plus d'un an, seuls les policiers -- la plupart portant des masques -- sont d&eacute;ploy&eacute;s dans le centre de la capitale, a constat&eacute; une journaliste de l'AFP.
Un silence de plomb a remplac&eacute; les cris de slogans dans la ville, interrompu seulement par les consignes p&eacute;dagogiques antivirus crach&eacute;es par des haut-parleurs.
Pourtant, chaque semaine, des foules de "hirakistes" ont brav&eacute;,&nbsp;&agrave; Alger et en province, la canicule, les intemp&eacute;ries, les vacances d'&eacute;t&eacute;, le je&ucirc;ne du ramadan, et, jusqu'&agrave; tr&egrave;s r&eacute;cemment, les premi&egrave;res alertes sur l'&eacute;pid&eacute;mie, pour r&eacute;clamer une "Alg&eacute;rie libre, d&eacute;mocratique et sociale".
Face &agrave; la propagation de la pand&eacute;mie sur le sol alg&eacute;rien (10 morts et 90 cas confirm&eacute;s), les autorit&eacute;s ont interdit les marches et au sein m&ecirc;me de la contestation et de l'opposition politique, les appels pressants &agrave; les suspendre temporairement se sont multipli&eacute;s ces derniers jours.
"La&nbsp;suspension temporaire des marches, en raison des risques sanitaires, s'impose comme un devoir national et pr&eacute;serve notre droit &agrave; manifester librement pour une Alg&eacute;rie plus juste et plus forte", a plaid&eacute; cette semaine l'ex-ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi, un opposant &eacute;cout&eacute;.
Sur les r&eacute;seaux sociaux, le mot d'ordre "Etat civil, pas viral" a remplac&eacute; le slogan phare des cort&egrave;ges "Etat civil, pas militaire".

- Un "Hirak" diff&eacute;rent -

Les Alg&eacute;rois sont toutefois sortis nombreux vendredi matin...pour faire des r&eacute;serves de provisions.
Au grand march&eacute; R&eacute;da Houhou,&nbsp;Samia, juriste de 45 ans, a achet&eacute; des &eacute;pices et des denr&eacute;es alimentaires pour pouvoir rester chez elle avec ses enfants d&egrave;s dimanche.
"C'est mon troisi&egrave;me aller-retour au march&eacute; pour stocker tout ce qui peut l'&ecirc;tre et ne plus sortir", affirme cette m&egrave;re de deux enfants, scolaris&eacute;s &agrave; la maison, qui h&eacute;bergera aussi sa belle-m&egrave;re en cas de confinement.
Elle a&nbsp;cess&eacute; de d&eacute;filer le vendredi d&egrave;s que les autorit&eacute;s sanitaires ont annonc&eacute; les premier cas de Covid-19 fin f&eacute;vrier.
Comme Samia, de nombreux Alg&eacute;rois d&eacute;valisent les &eacute;tals des &eacute;piciers ou marchands de fruits et l&eacute;gumes.
Sa&iuml;d, 57 ans, enseignant et p&egrave;re de cinq enfants, confesse avoir fait "un stock de guerre" des produits de premi&egrave;re n&eacute;cessit&eacute;.
"Marcher?Il faut &ecirc;tre compl&eacute;tement inconscient pour continuer &agrave; le faire", affirme-t-il, lui qui dit avoir manifest&eacute; la plupart des vendredis.
Il juge qu'il faut "prot&eacute;ger sa famille et le pays de ce virus"."On continuera le Hirak diff&eacute;remment.On trouvera des id&eacute;es", ajoute-t-il.

- "Mobilisation sanitaire" -

Apr&egrave;s avoir obtenu la d&eacute;mission du pr&eacute;sident Abdelaziz Bouteflika en avril, les contestataires continuent d'exiger le changement du "syst&egrave;me" en place depuis l'ind&eacute;pendance en 1962.
Madjid, un ing&eacute;nieur de 40 ans, a march&eacute; tous les vendredis jusqu'&agrave; il y a deux semaines.&nbsp;
"Aujourd'hui, si certains inconscients continuent de marcher malgr&eacute; la pand&eacute;mie, il faut les arr&ecirc;ter.M&ecirc;me si les policiers les frappent, moi j'applaudirai car on n'a pas le droit de mettre la vie de toute une population en danger", estime-t-il.
Fait sans pr&eacute;c&eacute;dent, les mosqu&eacute;es &eacute;taient ferm&eacute;es pour les pr&ecirc;ches du vendredi.Le muezzin a termin&eacute; l'appel &agrave; la pri&egrave;re par "Faites la pri&egrave;re chez vous".
Au lieu des manifestants, des agents de voirie&nbsp;d&eacute;sinfectent trottoirs, escaliers, rampes, bancs, abribus et m&ecirc;me les troncs d'arbres.
Dans le quartier populaire de Bab el Oued, une place forte du "Hirak", les habitants nettoient leurs immeubles et les trottoirs avec des moyens tr&egrave;s limit&eacute;s, selon un photographe de l'AFP sur place.&nbsp;
Au nom de la "mobilisation sanitaire", les hommes nettoient les ruelles tandis que les femmes lavent les&nbsp;balcons &agrave; grands coups d'eau javellis&eacute;e.Des jeunes s'occupent des escaliers et des rideaux des magasins ferm&eacute;s.
On ne trouve plus de masques de protection en ville, m&ecirc;me les plus sommaires, et certains Alg&eacute;rois portent un bandana pour tenter de se prot&eacute;ger.
L'Alg&eacute;rie a d&eacute;cid&eacute; jeudi soir la fermeture des caf&eacute;s et restaurants dans les grandes villes, la suspension de tous les moyens de transport en commun publics et priv&eacute;s &agrave; l'int&eacute;rieur des villes et entre les wilayas (pr&eacute;fectures) ainsi que le trafic ferroviaire.&nbsp;
Ecoles, salles des f&ecirc;tes et stades &eacute;taient d&eacute;j&agrave; ferm&eacute;s en attendant un probable confinement g&eacute;n&eacute;ral de la population.

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