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Des heurts ont repris lundi entre forces de l'ordre et manifestants à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, près d'une zone de production pétrolière, où les protestataires réclament les milliers d'emplois promis par le gouvernement.

Depuis plusieurs semaines, des jeunes et ch&ocirc;meurs de Tataouine, ville situ&eacute;e &agrave; 500 km de Tunis, observaient un sit-in pour r&eacute;clamer l'application d'accords sign&eacute;s en 2017 avec le gouvernement, promettant des emplois et des investissements dans cette r&eacute;gion marginalis&eacute;e.
Ils bloquaient ponctuellement certaines routes de la ville et les camions des soci&eacute;t&eacute;s d'exploitation de gaz et de p&eacute;trole desservant le site de production d'El Kamour, situ&eacute; &agrave; 160 kilom&egrave;tres de l&agrave;, en plein d&eacute;sert.
Selon le minist&egrave;re de l'Energie, ces troubles n'ont pas eu d'impact sur la production de p&eacute;trole et de gaz, contrairement &agrave; 2017, lorsque les protestataires avaient fini par bloquer les vannes des pipelines.
Le gouvernement avait alors promis d'investir chaque ann&eacute;e 80 millions de dinars (quelque 27 millions d'euros) pour le d&eacute;veloppement de Tataouine, sans que cela ne se concr&eacute;tise, selon le syndicat UGTT.
Et seule une partie des milliers d'emplois promis, dans des soci&eacute;t&eacute;s p&eacute;troli&egrave;res ou des structures d'entretien de l'environnement, ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;s.&nbsp;

- Sous-d&eacute;velopp&eacute;e -

Dix ans apr&egrave;s la r&eacute;volution, Tataouine, zone de l'extr&ecirc;me sud tunisien, o&ugrave; se trouve la majorit&eacute; des faibles ressources tunisiennes en hydrocarbures, reste sous-d&eacute;velopp&eacute;e, a soulign&eacute; l'ONG Oxfam dans un rapport publi&eacute; lundi sur les in&eacute;galit&eacute;s.
En 2019, "un habitant de Tataouine, r&eacute;gion la plus touch&eacute;e par le ch&ocirc;mage (28,7%), a quatre fois plus de chance d'&ecirc;tre au ch&ocirc;mage qu'un habitant de Monastir", zone c&ocirc;ti&egrave;re avantag&eacute;e, souligne Oxfam.&nbsp;
Les services de sant&eacute;&nbsp;publics sont eux aussi tr&egrave;s mal r&eacute;partis, avec 10,2 lits de r&eacute;animation pour 10.000 habitants &agrave; Tunis, contre 0 &agrave; Tataouine.
Le pr&eacute;sident Kais Saied, en visite en France lundi, avait rencontr&eacute; en janvier des militants de Tataouine, les invitant &agrave; proposer des id&eacute;es de projets sans attendre l'Etat.
Des rassemblements ont r&eacute;guli&egrave;rement lieu pour r&eacute;clamer l'application des accords de 2017 et la mobilisation s'est intensifi&eacute;e ce week-end.
La police a arr&ecirc;t&eacute; une figure du mouvement, Tarek Haddad, dans la nuit de samedi &agrave; dimanche, et tent&eacute; de disperser dimanche les centaines de personnes manifestant &agrave; travers la ville.
M. Haddad est "recherch&eacute; par la justice", a affirm&eacute; le gouverneur de Tataouine, Adel Ouergui, sans pr&eacute;ciser ce qui lui &eacute;tait reproch&eacute;.Les protestataires d&eacute;noncent une arrestation "politique".

- "L&eacute;gitimes" -

Lundi, la police a de nouveau proc&eacute;d&eacute; &agrave; d'intenses tirs de gaz lacrymog&egrave;ne pour disperser les centaines de manifestants dans le centre de Tataouine, a constat&eacute; un journaliste de l'AFP.
Des protestataires ont lanc&eacute; des pierres contre la police et incendi&eacute; des pneus, selon la m&ecirc;me source.
L'arm&eacute;e a &eacute;t&eacute; d&eacute;ploy&eacute;e devant les &eacute;tablissements de l'Etat, a indiqu&eacute; le&nbsp;minist&egrave;re de la D&eacute;fense.
D&eacute;non&ccedil;ant un recours &agrave; la force "excessive et injustifi&eacute;e" contre les manifestants, la puissante centrale syndicale UGTT a appel&eacute; &agrave; une gr&egrave;ve g&eacute;n&eacute;rale lundi &agrave; Tataouine.
Les commerces &eacute;taient ouverts, mais les services publics et institutions &eacute;tatiques sont rest&eacute;s ferm&eacute;s, selon les correspondants de l'AFP.
Le ministre tunisien de l'Emploi, Fethi Belhaj, a assur&eacute; dans une interview avec une radio priv&eacute;e que le gouvernement s'engageait &agrave; respecter "l'ensemble des accords" de 2017.&nbsp;
"Les revendications des protestataires sont l&eacute;gitimes (...) &agrave; condition de ne pas entraver les institutions de l'Etat", a-t-il ajout&eacute;.
"Le gouvernement n'a aucune intention de tenir &agrave; ses promesses, il veut nous pi&eacute;tiner", a accus&eacute; pour sa part Khalifa Bouhaouech, membre de la coordination du sit-in d'El Kamour.&nbsp;
"Cela fait un moment qu'on envoie des lettres (...) aux responsables de l'Etat mais nous n'avons re&ccedil;u aucune r&eacute;ponse, donc la solution est de retourner protester", a-t-il estim&eacute;.
Ces troubles interviennent au moment o&ugrave; la Tunisie, largement &eacute;pargn&eacute;e par la pand&eacute;mie de Covid-19, fait face &agrave; d'importants tiraillements au sein de la coalition gouvernementale, et aux retomb&eacute;es &eacute;conomiques et sociales des restrictions sanitaires.
Le Premier ministre Elyes Fakhfakh a averti que la pand&eacute;mie pourrait co&ucirc;ter sept points de croissance &agrave; la Tunisie, faisant passer les projections d'&eacute;volution du PIB de +2,7% &agrave; -4,3%, alors que le pays peine toujours &agrave; r&eacute;pondre aux attentes sociales de sa population.

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