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"On dort peu, mais c'est pour la bonne cause": quand il ne participe pas en qualité de chercheur à la lutte contre le coronavirus, Amadou Koné fait campagne pour un siège de député dans un pays confronté à d'innombrables maux.

A 38 ans, il est chercheur dans le seul laboratoire de niveau P-3 au Mali, l&agrave; o&ugrave; des &eacute;chantillons &agrave; risques peuvent &ecirc;tre manipul&eacute;s.C'est l&agrave; que tous les tests ont &eacute;t&eacute; effectu&eacute;s pour le virus Ebola en 2014, et d&eacute;sormais ceux pour le coronavirus.
Il fait partie des treize scientifiques qui ne comptent plus les heures depuis plusieurs semaines, et moins encore depuis que le Mali a officiellement d&eacute;clar&eacute; ses premiers cas de contamination cette semaine.Tous les jeudis, il enseigne &agrave; la facult&eacute; de m&eacute;decine."Je dors trois heures par nuit en ce moment.Entre les tests qui s'encha&icirc;nent et la campagne..."&nbsp;
Car M. Kon&eacute;, qui alterne entre le costume mauve sans cravate en dehors du laboratoire et la blouse blanche &agrave; l'int&eacute;rieur, brigue &nbsp;la d&eacute;putation dimanche avec son petit parti, "Mouvance R&eacute;publicaine", qu'il a cr&eacute;&eacute; avec d'autres en 2014 et qui entend "proposer autre chose aux jeunes de ce pays".
Tous les soirs, il enl&egrave;ve sa blouse et remet sa veste pour aller dans les quartiers de la cinqui&egrave;me circonscription de Bamako."On fait des rencontres, mais avec moins de cinquante personnes comme le gouvernement l'a demand&eacute;" &agrave; cause du coronavirus, explique-t-il, fines lunettes sur le nez.
En son &acirc;me de chercheur, fallait-il reporter ces &eacute;lections comme l'ont demand&eacute; plusieurs opposants ? "Il aurait peut-&ecirc;tre fallu, mais je peux comprendre que le gouvernement veuille les garder.Et si elles sont maintenues, on ne peut pas ne pas y &ecirc;tre !"

- Motiver -

Ce scrutin, d&eacute;j&agrave; report&eacute; &agrave; plusieurs reprises en raison principalement de la situation s&eacute;curitaire, vise &agrave; renouveler les 147 si&egrave;ges de l'Assembl&eacute;e.Le mandat des &eacute;lus, qui prenait officiellement fin en 2018, a &eacute;t&eacute; prolong&eacute; jusqu'&agrave; d&eacute;but mai.
La campagne suscite un faible engouement.Une large partie du territoire reste en proie &agrave; des violences jihadistes et intercommunautaires quasiment quotidiennes.Plus de 350.000 personnes ont fui leur domicile selon les autorit&eacute;s.
Ce jour-l&agrave;, Amadou Kon&eacute; a fil&eacute; du laboratoire &agrave; 16H00 pour un meeting &agrave; 17H00."Mes &eacute;quipes continuent &agrave; travailler au labo.S'il y a une urgence, je reviens".
C'&eacute;tait dans la rue, devant la maison d'un sympathisant.Des bancs ont &eacute;t&eacute; install&eacute;s.Une trentaine de personnes, des femmes surtout, sont venues.La pr&eacute;sence du coronavirus n'avait pas encore &eacute;t&eacute; d&eacute;cel&eacute;e sur le territoire.Il a peu &eacute;t&eacute; question de la maladie, mais elle n'&eacute;tait sans doute pas &eacute;trang&egrave;re &agrave; l'affluence.
"D'habitude, il y a plus de monde dans les meetings, mais il faut respecter les mesures", note Mamadou Bolly, un habitant du quartier venu &eacute;couter.
"Il faut motiver les gens pour aller voter, c'est important pour le pays.Chaque fois qu'elles ont &eacute;t&eacute; programm&eacute;es, ces &eacute;lections ont &eacute;t&eacute; annul&eacute;es.Cette fois, il faut qu'elles se tiennent ! M&ecirc;me avec le coronavirus, quand on ira au bureau, on respectera les distances".

- "On va gagner" -

Le candidat Kon&eacute; rev&ecirc;t tour &agrave; tour la casquette de politicien et de chercheur durant la rencontre.D'une explication sur la fa&ccedil;on de voter, il passe sans transition &agrave; l'importance de se laver les mains.
"C'est plus fort que moi!Il faut sensibiliser les gens, c'est essentiel.Et si ca peut aussi se faire durant un meeting, pourquoi pas!"
La sensibilisation aux gestes barri&egrave;res est le cheval de bataille du gouvernement, dans un pays o&ugrave; le secteur informel fait vivre une grande partie de la population dans les march&eacute;s, les foires...
Mercredi soir, apr&egrave;s l'annonce des premiers cas, il a fallu relever la riposte et le pr&eacute;sident Ibrahim Boubacar Ke&iuml;ta a d&eacute;cr&eacute;t&eacute; l'&eacute;tat d'urgence sanitaire, qui se juxtapose &agrave; l'&eacute;tat d'urgence s&eacute;curitaire d&eacute;j&agrave; en vigueur, et l'instauration d'un couvre-feu nocturne.
Apr&egrave;s son meeting et les deux autres qui ont suivi ce soir-l&agrave;, Amadou Kon&eacute; est rentr&eacute; chez lui.La journ&eacute;e n'&eacute;tait pas finie."J'ai repris contact avec mon &eacute;quipe qui continuait les tests au laboratoire".&nbsp;
"Les &eacute;chantillons sont prioritaires sur la campagne", sourit-il, "mais on va gagner dimanche, se reposer un peu lundi, puis revenir pour continuer la lutte contre le coronavirus mardi".

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