Projet d'oléoduc de Total en Tanzanie: des "risques climatiques et humains inacceptables" (rapport)

Deux associations françaises alertent mercredi sur les coûts humains, climatiques et environnementaux "inacceptables" du méga-projet pétrolier du groupe Total incluant un oléoduc de plus de 1.400 kilomètres à travers l'Ouganda et la Tanzanie, et pointent un "risque d'accident pétrolier majeur" au large des côtes tanzaniennes.

AFRICA RADIO

5 octobre 2022 à 0h06 par AFP

TotalEnergies a annoncé en février un accord d'investissement de 10 milliards de dollars avec l'Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprenant notamment la construction d'un oléoduc (l'East African Crude Oil Pipeline - EACOP) de plus de 1.400 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans l'ouest de l'Ouganda, à la côte tanzanienne. "L'EACOP sera le plus long oléoduc chauffé au monde s'il voit le jour; chauffé à 50°C tout du long (...) il transportera environ 216.000 barils de pétrole par jour, qui seront exportés sur le marché international", détaille le rapport des associations Les Amis de la Terre et Survie. "En comptant les émissions causées par le transport, le raffinage et l'utilisation de ce pétrole, cela engendrera l'émission dans l'atmosphère de jusqu'à 34 millions de tonnes de CO2 par an, soit bien plus que les émissions de gaz à effet de serre combinées de l'Ouganda et de la Tanzanie", fustigent les associations. En Tanzanie, pays réputé pour sa biodiversité, l'oléoduc parcourra 1.147 kilomètres pour rejoindre l'océan Indien au niveau du port de Tanga, selon le rapport. L'oléoduc "impactera les terres de près de 62.000 personnes et menacera plus de 2.000 kilomètres carrés de réserves naturelles; il parcourra sur plus de 400 km le bassin du lac Victoria, l'une des principales sources du Nil et le deuxième plus grand lac d'eau douce au monde". Dans la zone du port de Tanga, Total prévoit d'y construire, au large des côtes, les infrastructures d'exportation du pétrole. "L'océan Indien étant fortement sujet aux risques de tsunamis et de cyclones, et ce de façon accrue avec le réchauffement climatique, les risques d'accident pétrolier majeur, affectant irrémédiablement la très riche biodiversité des aires marines protégées de cette zone, sont extrêmement élevés", souligne le rapport. "Le risque de marée noire au niveau de la côte tanzanienne, sujette à des tsunamis du fait d'une importante activité sismique dans la région, est très élevé". "Alors que les enquêtes de terrain et les reportages s'étaient concentrés en Ouganda, le présent rapport se fonde sur une enquête inédite réalisée en Tanzanie", relèvent les associations. "On y constate les mêmes violations des droits des populations affectées qu'en Ouganda, même exacerbées sur certains aspects", dénoncent-elles. lp/fz/eb [object Object] [object Object]