Nouvelle application Africa Radio

Zimbabwe: une figure de l'opposition condamnée avant les élections

Une figure populaire de l'opposition au Zimbabwe a été condamnée mercredi pour entrave à la justice, la disqualifiant pour les prochaines élections, une décision considérée par les critiques comme motivée politiquement.

AFRICA RADIO

3 mai 2023 à 16h21 par AFP

Le parlementaire Job Sikhala, 50 ans, a été reconnu coupable d'entrave à la justice par un tribunal de Harare, presque un an après son arrestation et après avoir passé plus de 300 jours en détention. "L'État a prouvé que son cas ne laisse aucun doute", a déclaré le magistrat Marewanazvo Gofa au tribunal. "L'accusé n'a aucune défense et est reconnu coupable de l'infraction", a-t-il ajouté. Plus tard dans la journée, Job Sikhala a été condamné à six mois de prison avec sursis et à une amende de 600 dollars (543 euros), commuable en six mois supplémentaires derrière les barreaux s'il ne payait pas. Il restera toutefois en prison dans l'attente du jugement d'autres affaires le concernant. Les accusations contre Job Sikhala s'appuyaient sur une vidéo dans laquelle il aurait demandé justice pour le meurtre d'un militant de l'opposition dont le corps mutilé avait été retrouvé dans un puits. Les procureurs ont estimé qu'en accusant le parti au pouvoir, le ZANU-PF, de la mort de cet opposant, il avait détourné les enquêtes qui se concentraient sur d'autres suspects. Job Sikhala est par ailleurs accusé d'incitation à la violence dans la même vidéo et d'avoir publié des mensonges dans une affaire distincte. Les juges doivent encore rendre leur verdict dans ces deux affaires. Détenu dans une prison de haute sécurité de la capitale Harare depuis juin 2022, Job Sikhala a demandé sans succès sa libération sous caution à 15 reprises. Il s'agit de la première condamnation visant cet homme politique à la longue carrière, arrêté 67 fois au cours des vingt dernières années mais jamais reconnu coupable, selon l'un de ses avocats. Cette condamnation l'empêche de se présenter aux élections présidentielles et législatives qui devraient avoir lieu en août prochain, même si aucune date n'a été annoncée. Des critiques ont accusé le gouvernement d'avoir utilisé la justice pour empêcher certains opposants politiques de se présenter. Jacob Ngarivhume, chef d'un petit parti d'opposition, a été condamné la semaine dernière à quatre ans de prison pour incitation à la violence, pour un appel à manifester qu'il avait lancé en 2020 sur Twitter. Cette peine est, selon lui, un moyen de l'empêcher de participer aux prochaines élections. Les groupes de défense des droits de l'homme et les partis d'opposition se sont plaints d'une répression croissante avant les prochaines échéances électorales.