Mardi 13 mai, la Seine Musicale vibrait au rythme de la troisième édition des Flammes, la cérémonie qui célèbre les cultures urbaines, diffusée à la télévision sur W9. Entre les trophées remis à Shay, Tiakola ou encore SDM, c’est un moment hors du temps qui a cloué tout le monde sur place.
Kery James, figure centrale du rap français conscient, est monté sur scène. Pas pour rapper, ni pour remercier, mais pour dénoncer comme il sait le faire.
Le discours intégral de Kery James
"Qui prétend faire du rap sans dénoncer les messages, ou plutôt les massacres, qui ont eu lieu au Congo dans l’indifférence ?
Qui prétend faire du rap sans s’opposer franchement à l’islamophobie qui a abouti à l’assassinat de mon frère, dans un lieu de culte, Aboubakar Cissé - que Dieu lui fasse miséricorde et soulage sa famille ?
Enfin, qui prétend faire du rap sans crier haut et fort, avec la détermination la plus totale et sans trembler, qu’il se dresse du côté des Palestiniens quand ils sont pillés, spoliés, affamés et contraints à l’exode ?
Alors… qui prétend faire du rap et se taire ?"
Aboubakar Cissé, un nom, un drame
Dans son discours, Kery James évoque Aboubakar Cissé. Il s’agit d’un jeune Malien de 22 ans, arrivé seul en France à 17 ans. Il vivait dans le Gard, à La Grand-Combe, où il était connu pour aider bénévolement à la mosquée. Le 25 avril dernier, il est tué de plusieurs coups de couteau alors qu’il priait seul. Son agresseur, un jeune homme français de 20 ans, s’est filmé pendant l’acte. Il a fui avant de se rendre en Italie.
Les autorités n'ont pas retenu de motivation islamophobe. Mais l’émotion dans la communauté musulmane et parmi les associations antiracistes est importante. À La Grand-Combe, près de 2 000 personnes ont marché en son honneur. Une cérémonie a eu lieu à Bamako lors du rapatriement de son corps.
Congo et Palestine : les douleurs ignorées
Kery James parle aussi du Congo, où des massacres ont lieu dans ce qu’il considère être une quasi-indifférence médiatique. Il évoque aussi la Palestine, et la violence que subit sa population.
En le disant sur scène, il rappelle que le rap n’est pas juste une performance. C’est un engagement : un devoir de mémoire et de parole.
Le rap : entre art et responsabilité
Ce n’est pas la première fois que Kery James pousse un cri dans le micro. Depuis Banlieusards jusqu’à Lettre à la République, son rap a toujours porté les mots des invisibles. Une division entre courants, mais aussi souvent entre générations.
L’intervention de Kery James n’est pas une digression. Elle est la colonne vertébrale du rap tel qu’il l’a toujours défendu. Dès ses origines, le courant sert de porte-voix aux sans-voix, dénonçant racisme, violence, pauvreté et discriminations, ce qui en fait une musique fondamentalement politique. Bien sûr, comme toute forme d’art, le rap peut aussi exister pour le plaisir de la rime, du flow ou de la musicalité, sans message particulier ; mais il ne faut jamais oublier que son essence première est celle d’un cri social, né d’une nécessité de dire, de revendiquer et de résister.
🚨 Le discours bouleversant de Kery James ce soir lors de la cérémonie des Flammes !
— FRENCHRAPUS 🇺🇸 (@FrenchRapUS) May 13, 2025
Merci infiniment légende ❤️
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