Nigeria : manifestation dispersée à Makurdi après un massacre dans l’État de Benue

Actus. Au lendemain d'une attaque meurtrière ayant fait au moins 59 morts dans le village de Yelewata, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche 15 juin à Makurdi, capitale de l’État de Benue, pour dénoncer l’inaction face aux violences récurrentes entre éleveurs et agriculteurs. La police a dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes. Les autorités fédérales annoncent l’arrivée de renforts sécuritaires, tandis que les ONG dénoncent une défaillance persistante de l’État dans la protection des civils.

Nigeria : manifestation dispersée à Makurdi après un massacre dans l’État de Benue
Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de Makurdi, capitale de l'État de Benue au lendemain d'une attaque qui a fait plusieurs dizaines de morts - Wikipédia

Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans les rues de Makurdi, capitale de l'État de Benue au lendemain d'une attaque qui a fait plusieurs dizaines de morts dans cet État où les affrontements entre communautés sont récurrents et intenses. Ils demandent aux autorités des mesures urgentes contre les violences dans la région.

Selon des témoins, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. "C'était une manifestation pacifique et la police est arrivée et a jeté des gaz lacrymogènes, beaucoup de gens se sont enfuis", a raconté à l'AFP John Shiaondo, journaliste local qui suivait le cortège.

"Les manifestants ont reçu un délai précis de la part des forces de sécurité pour mener leur manifestation pacifique, ils ont manifesté sans incident et sans faire de blessés. Lorsque le moment est venu de se disperser, ils ont reçu l'ordre de le faire", a déclaré de son côté le porte-parole du gouverneur de Benue, Tersoo Kula, à l'AFP.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés ont tué plusieurs dizaines de personnes à Yelewata, dans le centre du pays, région qui connait une recrudescence de violences depuis plusieurs mois, entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires, principalement chrétiens, pour le contrôle des terres et des ressources.

Le gouverneur de Benue, Hyacinth Alia, a déclaré dimanche 15 juin lors d'une conférence de presse, que le bilan officiel de la communauté de Yelewata s'élevait à 59 personnes tuées.

La veille, plusieurs habitants de Yelewata mentionnaient "au moins 100 morts".

Le président du Nigéria et le pape Léon XIV ont réagi 

Depuis Rome, le pape Léon XIV a mentionné dimanche en marge de sa traditionnelle prière hebdomadaire "un terrible massacre". "Je prie en particulier pour les communautés chrétiennes rurales de l'État de Benue, qui sont des victimes incessantes de la violence", a ajouté le souverain pontife.


    
Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a annoncé dans un communiqué dimanche soir que "les chefs des services de renseignement, la police et l'armée sont arrivés dans l'État pour diriger les opérations de sécurité et rétablir l'ordre public".

 "J'ai donné pour instruction aux forces de sécurité d'agir avec détermination, d'arrêter les auteurs de ces actes odieux, quel que soit leur camp, et de les traduire en justice", a-t-il ajouté.

Le gouverneur de Benue, Hyacinth Alia, avait fait savoir plus tôt que "des équipes tactiques ont commencé à arriver à Benue depuis le gouvernement fédéral et des renforts de sécurité sont en cours de déploiement dans les zones vulnérables".

"Les unités opérationnelles conjointes de l'État sont également renforcées, et le gouvernement ne relâchera pas ses efforts pour défendre la vie et les biens de tous les habitants", avait-il ajouté.

Derrière les attaques, des tensions intercommunautaires 

Les attaques dans cette région dite de la Ceinture centrale du Nigeria prennent souvent une dimension religieuse ou ethnique. L'accaparement des terres, les tensions politiques et économiques entre les sédentaires et ceux qui sont considérés comme des étrangers, ainsi que l'afflux de prédicateurs musulmans et chrétiens extrémistes, y ont accentué les divisions.

Les terres disponibles pour l'agriculture et l'élevage se réduisent régulièrement à cause du changement climatique et de l'expansion humaine, ce qui entraîne une concurrence parfois mortelle pour un espace de plus en plus limité.

Les éleveurs peuls (fulani) sont généralement accusés d'être les auteurs de ces attaques mais ces derniers affirment aussi être la cible d'attaques meurtrières menées par des agriculteurs et d'expropriations de terres.

Selon un récent rapport d'Amnesty International, 6.896 personnes ont été tuées dans des attaques au cours des deux dernières années dans l'État de Benue, et 2.600 dans celui du Plateau.

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