Présidentielle en Côte d’Ivoire : le RHDP désigne Ouattara, le suspense d’un 4e mandat reste entier

La scène était à la fois solennelle et électrique samedi 21 juinbà Abidjan. Devant plusieurs milliers de militants réunis au congrès du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara a été désigné candidat à l’élection présidentielle du 25 octobre. Une désignation par acclamation pour le chef de l’État au pouvoir depuis 2011, qui n’a toutefois pas encore dit s’il accepterait de briguer un quatrième mandat.

L’ancien Premier ministre Patrick Achi, président du congrès, a soumis la proposition sous un tonnerre d’applaudissements : « Je soumets à l’approbation du congrès la décision de la désignation du président Alassane Ouattara comme candidat du RHDP. » Le stade a résonné de chants scandant « ADO, ADO », surnom affectif du président.

Une attente stratégique avant l’officialisation

Âgé de 83 ans, Alassane Ouattara n’a pas assisté au congrès de son parti, préférant entretenir le flou. Il devrait cependant prendre la parole ce dimanche lors d’un grand meeting au stade d’Ebimpé. S’il ne s’est toujours pas prononcé officiellement, le président avait confié en janvier être « désireux de continuer à servir son pays », laissant entrevoir ses intentions.

Le RHDP n’a cessé ces dernières semaines de montrer son unité en faveur d’un nouveau mandat de son leader. De Yopougon à Bouaké, les cadres du parti ont multiplié les appels pour qu’il poursuive « l’aventure », au nom de la stabilité et de la croissance ivoirienne.

Un climat politique de plus en plus tendu

Cette montée en puissance du RHDP intervient dans un contexte politique crispé. Plusieurs grandes figures de l’opposition – Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro et Tidjane Thiam – ont été exclues du scrutin pour des motifs judiciaires ou administratifs, nourrissant l’accusation d’un verrouillage électoral. L’opposition dénonce une démocratie en recul, voire un retour au parti unique.

L’ancien président Gbagbo a averti : « Je n’abandonnerai pas le combat contre le quatrième mandat. » En réponse, le RHDP affirme que les procédures sont strictement judiciaires et que le pouvoir politique n’y joue aucun rôle.

Vers un nouveau duel électoral sous tension

À quatre mois de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire se dirige vers un scrutin à forts enjeux. Le camp Ouattara se mobilise massivement pour reconduire son leader, tandis que l’opposition dénonce un processus biaisé. Le suspense demeure : Alassane Ouattara acceptera-t-il de redevenir officiellement candidat ce dimanche ? Une déclaration très attendue, dans un pays où chaque présidentielle ravive les mémoires d’un passé politique tourmenté.