Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Ouattara entretient le flou sur sa candidature et relance les tensions

Actus. Dimanche 22 juin, devant des milliers de partisans réunis à Abidjan, Alassane Ouattara a repoussé l’annonce d’une candidature pour un quatrième mandat. L’opposition s’inquiète d’une dérive autoritaire.

Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Ouattara entretient le flou sur sa candidature et relance les tensions
FB - RHDP

Alassane Ouattara avance à pas calculés. Dimanche 22 juin, devant un stade d’Ebimpé rempli de partisans acquis à sa cause, le président ivoirien a choisi de ne pas lever totalement le voile sur ses intentions. "Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion en mon âme et conscience, une décision", a-t-il déclaré sous les acclamations des 60 000 spectateurs.

La veille, son parti, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’avait pourtant officiellement désigné candidat à l’élection présidentielle prévue en octobre. À 83 ans, l’homme fort d’Abidjan garde donc la main, habilement, sur le tempo politique.

Une démonstration de force à Ebimpé

La mise en scène était soignée. Arrivée sous les vivats, bain de foule à pied, discours aux accents d’héritage et d’avenir. "Nous avons transformé la Côte d’Ivoire", a lancé le président. Dans les tribunes, des banderoles à son effigie rappelaient les grandes heures de la Coupe d’Afrique des nations remportée dans ce même stade en février.

"ADO, ADO, ADO", scandaient les militants galvanisés. "C’est un grand bâtisseur", s’enflamme Hugo Romaric, jeune sympathisant du RHDP, venu de l’ouest du pays. Pour les soutiens d’Alassane Ouattara, le doute n’est plus permis : il doit rester.

Un climat politique sous tension

Mais cette séquence, taillée pour mobiliser la base présidentielle, intervient dans un contexte particulièrement tendu. Depuis début juin, la publication de la liste électorale a relancé les accusations de verrouillage du jeu politique. Trois poids lourds de l’opposition – Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro – en sont exclus pour des raisons judiciaires. Tidjane Thiam, à la tête du PDCI, en a été écarté pour un contentieux sur sa nationalité.

Face à ce paysage politique décimé, les voix dissidentes dénoncent une volonté d'étouffer toute concurrence. "Je ne peux pas rester silencieux devant les dérives qui veulent nous faire revenir au parti unique", s’alarme Laurent Gbagbo. De son côté, Tidjane Thiam avertit : "La continuité conduira à l’instabilité, le changement à la stabilité".

Les cicatrices du passé électoral

Alassane Ouattara a tenté de rassurer. "Ces élections seront apaisées, démocratiques et transparentes", a-t-il promis. Pourtant, le souvenir des violences de 2010-2011 – environ 3 000 morts – et celles, plus récentes, de la présidentielle de 2020 (au moins 85 morts), restent vifs dans les esprits.

Le troisième mandat d’Alassane Ouattara, obtenu après la mort de son dauphin désigné Amadou Gon Coulibaly, avait été vivement contesté. Sa réélection avec plus de 94 % des voix n’avait convaincu ni l’opposition ni une partie de l’opinion.

À quatre mois du scrutin, et en dépit du flou qu’il entretient, le chef de l’État apparaît plus que jamais comme l’élément central du jeu politique ivoirien. Son silence sur sa candidature ressemble de plus en plus à une stratégie bien rodée.

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