Togo : le rappeur Aamron libéré après son internement psychiatrique controversé

Actus. Le rappeur togolais Aamron, critique envers le président Faure Gnassingbé, a été libéré après son internement dans un hôpital psychiatrique, une affaire qui avait provoqué des manifestations à Lomé.

Togo : le rappeur Aamron libéré après son internement psychiatrique controversé
Aamron, artiste engagé et voix critique du pouvoir togolais, a été libéré samedi 21 juin après son internement - FB - Aamron

Aamron, artiste engagé et voix critique du pouvoir togolais, a été libéré samedi 21 juin après son internement dans un hôpital psychiatrique. Son arrestation le 26 mai dernier à son domicile de Lomé avait déclenché une forte mobilisation au sein de l’opposition, de la société civile et sur les réseaux sociaux.

« Aamron a été libéré de l’hôpital psychiatrique ce matin », a confirmé à l’AFP Me Célestin Agbogan, l’un de ses avocats. « Le procureur de la République nous a personnellement dit qu’il n’avait entamé aucune procédure contre lui », a-t-il ajouté.

De son vrai nom Essowè Tchalla, Aamron avait appelé à une mobilisation nationale le 6 juin, date de naissance du président Faure Gnassingbé, dans une démarche qu’il avait qualifiée d’ironiquement « festive ».

Une disparition suivie d'une réapparition controversée

Après plus d’une semaine sans nouvelles, le rappeur avait réapparu dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Visiblement affaibli, il y présentait ses excuses au président et évoquait une « dépression aggravée » justifiant son internement.

Cette vidéo avait été jugée inquiétante et peu crédible par ses soutiens, qui y voyaient une mise en scène orchestrée pour étouffer la contestation. L’affaire a renforcé le climat de tension politique dans le pays.

Un contexte de contestation sociale et politique

Les 5 et 6 juin, plusieurs manifestations ont secoué Lomé et d’autres villes du pays. La jeunesse togolaise est descendue dans la rue pour dénoncer la répression des voix critiques, la hausse du prix de l’électricité et la récente réforme constitutionnelle qui a renforcé les pouvoirs de Faure Gnassingbé.

Dirigeant le pays depuis 2005, après le long règne de son père, le président Gnassingbé a fait adopter en avril un régime parlementaire dans lequel il occupe désormais la plus haute fonction de l’État.

Le gouvernement a mis en garde contre toute nouvelle mobilisation. « Tout appel à manifestation ou toute invitation à la révolte constitue une violation flagrante des textes en vigueur », a-t-il prévenu jeudi dans un communiqué.

Des ONG inquiètes des dérives

Amnesty International a récemment demandé une enquête sur des allégations de torture de manifestants. Le gouvernement a affirmé ne pas avoir connaissance de tels faits, tandis que de nouveaux appels à manifester circulent pour la fin juin.

L’affaire Aamron cristallise ainsi le malaise croissant dans une partie de la population togolaise, qui accuse le pouvoir d’instrumentaliser la justice et les institutions pour faire taire les voix dissidentes.

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