Un acte de vérité et de mémoire
À Dakar, la cérémonie de remise du Livre blanc sur le massacre de Thiaroye, élaboré par un comité de chercheurs dirigé par l’historien Mamadou Diouf, a marqué une étape symbolique « La cérémonie qui nous réunit aujourd’hui ne célèbre pas un souvenir, elle consacre un acte de vérité », a déclaré le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, en présence du Premier ministre Ousmane Sonko et de plusieurs membres du gouvernement.
Le document, intitulé « Le massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le 1er décembre 1944. Un massacre de la libération », soutient que la tuerie fut préméditée par l’armée française.
Retrouvez ci-dessous l’intégralité du discours du Chef de l’État à l’occasion de la remise solennelle du Livre blanc sur le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944. pic.twitter.com/ZkL0qrP4xu
— Présidence Sénégal (@PR_Senegal) October 16, 2025
Un épisode longtemps occulté
Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, des troupes coloniales françaises ont ouvert le feu sur des tirailleurs africains — anciens prisonniers de guerre rapatriés d’Europe — qui réclamaient le paiement de leurs soldes. Officiellement, 70 morts furent recensés, mais les rédacteurs du Livre blanc estiment, à partir de nouvelles recherches, que 300 à 400 soldats auraient été tués.
Massacre de Thiaroye : "Les fouilles archéologiques peuvent nous apprendre le nombre de morts", estime l'historien Martin Mourre
Les fouilles archéologiques menées à Thiaroye ont permis de mettre au jour sept squelettes, dont certains présentent des traces de blessures par balle ou de chaînes métalliques. Les chercheurs recommandent de poursuivre les analyses anthropologiques et génétiques pour identifier les victimes et localiser d’éventuelles fosses communes.
« La vérité historique ne se décrète pas »
Le président Faye a annoncé la poursuite des fouilles sur tous les sites susceptibles d’abriter des restes de tirailleurs : « La vérité historique ne se décrète pas, elle se découvre excavation après excavation, jusqu’à la dernière pierre soulevée », a-t-il affirmé.
S’il a salué la reconnaissance par Emmanuel Macron, en 2024, du « massacre » de Thiaroye, le chef de l’État sénégalais a exprimé une certaine amertume face à la réticence française à ouvrir totalement ses archives : « La coopération attendue de la République française n’a pas toujours été à la hauteur de nos espérances », a-t-il regretté.
Sénégal - Massacre de Thiaroye. Plainte d'un fils de tirailleur contre la France : "Cela fait un demi-siècle que Biram Senghor demande des explications", explique Armelle Mabon
Un travail pour l’Afrique et sa mémoire collective
Le Livre blanc appelle enfin à associer les autres pays africains dont les ressortissants faisaient partie des contingents de tirailleurs — notamment la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée et le Mali — aux futures commémorations.
L’objectif, selon ses auteurs, est de rendre justice à ces soldats africains qui, après avoir combattu pour la libération de la France, furent victimes d’une répression d’État restée trop longtemps dans l’ombre.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.