Mandat illimité de Mahamad Idriss Déby au Tchad : la fin d'un "garde-fou contre l'autoritarisme" selon une ONG

Actus. La suppression de la limitation des mandats présidentiels au Tchad constitue un "grave recul pour l’état de droit et la démocratie", dénonce jeudi 16 octobre Human Rights Watch, qui accuse le pouvoir de Mahamat Idriss Déby de dérive autoritaire.

Mandat illimité de Mahamad Idriss Déby au Tchad : la fin d'un "garde-fou contre l'autoritarisme" selon une ONG
La réforme constitutionnelle ouvre la voie à un maintien indéfini au pouvoir du président du Tchad Mahamat Idriss Déby. - Flickr

Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi 16 octobre un "grave recul pour l'état de droit et la démocratie" après la révision constitutionnelle tchadienne abolissant la limitation du nombre de mandats présidentiels. Finalisée le 3 octobre, cette réforme ouvre la voie à un maintien indéfini au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby.

Un garde-fou contre l’autoritarisme supprimé

"En supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels, les autorités tchadiennes ont démantelé un garde-fou important contre l'autoritarisme", a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à HRW. Il estime que cette réforme, adoptée par un Parlement dominé par le Mouvement patriotique du salut (MPS, parti au pouvoir), "affaiblit les perspectives d'un changement démocratique conforme aux normes internationales".

Les amendements, adoptés en septembre par 236 voix pour et aucune contre, allongent aussi la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Les députés de l’opposition du Rassemblement national des démocrates tchadiens ont boycotté le vote, le qualifiant d’"inconstitutionnel et autoritaire".

Une dérive politique et répressive

Pour HRW, cette réforme intervient dans un climat de "répression des opposants et de la société civile", devenue selon l’organisation "monnaie courante". En mai 2025, l’opposant Succès Masra, ancien Premier ministre et chef du parti Les Transformateurs, a été condamné à 20 ans de prison pour "incitation à la haine et à la violence", un verdict jugé "politiquement motivé" par l’ONG.

La répression s’inscrit dans la continuité des violences d’octobre 2022, lorsque les forces de sécurité avaient tiré sur des manifestants réclamant un retour à un régime civil, faisant des dizaines de morts.

HRW appelle les autorités tchadiennes à "annuler cette réforme constitutionnelle" et à organiser "un référendum pour toute modification fondamentale de la Constitution". L’organisation réclame également "la libération immédiate des opposants emprisonnés, comme Succès Masra", et la fin des poursuites judiciaires à motivation politique.

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