Suspendue depuis début septembre par le GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans affilié à Al-Qaïda, la compagnie de bus Diarra Transports – qui relie Kayes, ville proche du Sénégal et du Burkina Faso – a été autorisée à reprendre ses activités vendredi 17 octobre, mais sous conditions.
Obligation de porter le hijab
Les jihadistes ont édicté des règles strictes qui s’appliquent à toutes les compagnies de transport. Ils imposent aux "gérants, chauffeurs et apprentis" de ne pas s’impliquer dans le conflit armé, au-delà de leur mission de transport civil.
Toute collaboration avec les autorités maliennes est proscrite. Ils exigent également que les femmes portent le hijab. En cas d’accident, le conducteur devra indemniser la victime s’il a endommagé un véhicule ou écrasé un animal.
Ce lundi, le service de transport a repris, selon un communiqué publié par la société pour les trajets réservés. Dès jeudi 23 octobre, tous les trajets devraient pouvoir reprendre.
Un embargo sur les hydrocarbures depuis début septembre
Vendredi 17 octobre, plusieurs dizaines de camions-citernes en provenance de la Côte d’Ivoire ont été détruits. Un sabotage qui s’inscrit dans un contexte plus large. En effet, un embargo sur les hydrocarbures a été mis en place depuis le mercredi 3 septembre par le GSIM. Il interdit l’acheminement de camions-citernes venant du Sénégal, de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire et de la Guinée. Ni le gouvernement de transition, ni l’armée malienne n’ont réagi à ces annonces.
Le GSIM tentent d'exploiter les fractures sociales
Selon Bakary Sambe, directeur du think tank Timbuktu Institute, le blocus sur les hydrocarbures vise à délégitimer le pouvoir en place "en forçant une dépendance aux routes secondaires, souvent contrôlées par les insurgés". Il ajoute que le GSIM renforce ainsi son emprise financière en imposant des taxes sur les réseaux informels, affaiblissant davantage l’État malien.
- Lire aussi : L'armée partie, les djihadistes prennent le contrôle de Farabougou : une prise stratégique et symbolique
Dans leur dernier rapport, le Timbuktu Institute documente comment le GSIM "exploite les fractures sociales à Kayes, notamment les conflits liés à l’esclavage par ascendance". Dans des communes comme Oussoubidiagna, où les tensions entre les "lambé" (considérés comme nobles) et le Collectif des Sans-Papiers ont créé des griefs réutilisables ailleurs. Le think tank y voit une stratégie pour accentuer les divisions locales et accélérer le recrutement par les jihadistes.
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