À Cotonou, l’annonce matinale de militaires affirmant avoir renversé le président Patrice Talon a brièvement semé la confusion. Mais dès l’après-midi, la capitale économique retrouvait son rythme : commerces ouverts, habitants en mouvement, seule la zone autour de la présidence et du camp Guézo restait bouclée par les forces de sécurité.
Talon en sécurité, les putschistes arrêtés
Le chef de l’État, qui doit quitter le pouvoir en avril 2026 après deux mandats, « va bien » selon une source gouvernementale. Une douzaine de militaires ont été arrêtés, dont les auteurs présumés de la tentative de putsch.
Face caméra, le ministre de l’Intérieur Alassane Seidou a assuré que l’armée béninoise avait fait échec à la manœuvre : « Les forces armées sont restées républicaines », a-t-il insisté.
Les putschistes se revendiquaient du « Comité militaire pour la refondation »
Dans la matinée, huit militaires avaient proclamé à la télévision publique la destitution de Patrice Talon, annonçant le lieutenant-colonel Pascal Tigri comme chef de leur « Comité militaire pour la refondation ».
Ils invoquaient une dégradation sécuritaire dans le nord du pays, le traitement des soldats morts au front ou encore des promotions jugées injustes, dénonçant également une remise en cause des libertés publiques.
« Quelques minutes de frayeur » à Cotonou
Dans la population, la stupeur a été brève mais réelle.
« On a cru que le pays basculait comme certains voisins », raconte Jennifer Adokpéto, enseignante à la retraite.
Pour Adam Aminou, vendeur, l’essentiel est clair : préserver la stabilité. « Le coup a été déjoué, Dieu merci. Mais il faut empêcher que ça se reproduise. »
Condamnations en série en Afrique de l’Ouest
L’Union africaine a condamné « sans équivoque » la tentative de coup d’État. La Cedeao, qui inclut les deux voisins du Bénin en transition militaire — Burkina Faso et Niger — a dénoncé une « action anticonstitutionnelle » et réaffirmé son soutien au gouvernement béninois, jusqu’au possible déploiement de sa force régionale.
Le dernier putsch réussi au Bénin remonte à 1972.
En toile de fond, une élection sous tension
Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, doit quitter ses fonctions en 2026. Son protégé, le ministre des Finances Romuald Wadagni, apparaît comme le favori pour l’élection d’avril, dans un contexte où l’opposition est largement marginalisée.
Plusieurs observateurs évoquent un climat politique tendu. « Il y a une exclusion d’acteurs entiers du processus électoral », estime Anatole Zinsou, informaticien à Cotonou.
Malgré les succès économiques, les critiques pointent un durcissement du régime, contrastant avec l’image d’un Bénin longtemps salué comme modèle démocratique en Afrique de l’Ouest.
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