Laurent Loukou, directeur général d'Air Côte d'Ivoire : "Nous voulons que la Côte d’Ivoire et la région puissent avoir une compagnie digne des grands noms de l'aérien"

Il y a huit ans, votre prédécesseur, René Decurey, a déclaré qu'Air Côte d'Ivoire ne faisait pas de long-courrier, qu'il laissait ça à ceux qui savent le faire. Désormais, vous avez vos premiers vols long-courriers. Qu'est-ce qui fait que, maintenant, vous faites partie de ceux qui savent faire ?

Je n’ai pas souvenance de ces propos de monsieur Decurey. Ce que je peux vous dire, c’est que moi, j’ai commencé l’entreprise avec monsieur Decurey en 2012, bien sûr sous le contrôle du général Abdoulaye Diop, notre président du conseil d’administration.

Et la vision était très claire : il s’agissait d’implémenter la vision de Son Excellence monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, qui nous donnait l’obligation de construire une grande compagnie en Afrique de l’Ouest et du Centre pour le rayonnement de la Côte d’Ivoire, l’intégration sous-régionale et le développement de l’économie.
Partant de là, il fallait construire Air Côte d’Ivoire en trois chantiers.

Le chantier numéro un, c’était d’exister sur le papier, puis d’être la compagnie leader et de référence en Afrique de l’Ouest. À cette étape, monsieur Decurey était présent. Il est parti après.

Moi, j’ai continué à construire, avec l’équipe Côte d’Ivoire, ce hub. Nous avons terminé ce projet du hub. Déjà en 2017, nous avions commencé à travailler sur la phase suivante, c’est-à-dire le long-courrier.

Cela a été rédigé en 2017, validé en conseil d’administration en 2018, puis validé au niveau de l’État de Côte d’Ivoire. En 2021, la commande a été placée pour les avions, en 2022. Donc, nous sommes dans la droite ligne des choses.

Le long-courrier, c’est aussi l’ambition portée par de nombreuses compagnies aériennes sur le continent. Mais, selon vous, est-ce que toutes les compagnies aériennes sont prêtes à faire du long-courrier ?

Je ne peux pas parler au nom des autres, mais moi, je vais vous donner des chiffres.  Le trafic aérien en Afrique, c’est à peu près 190 millions de personnes par an qui voyagent sur le continent. Sur ces 190 millions environ, vous avez 120 millions qui font du long-courrier.
Sur ces 120 millions, si je viens à la région qui nous intéresse, c’est-à-dire l’Afrique de l’Ouest et du Centre, elle pèse 14 % de ces 120 millions, soit à peu près 16 millions de voyageurs.

Sur ces 16 millions de voyageurs qui voyagent sur l’intra-continental, il faut savoir que les compagnies basées en Afrique de l’Ouest et du Centre, celles qui créent de la richesse dans la région, ne transportent qu’1 % de ces passagers.

Il n’y a que deux compagnies qui font l’intra-continental au départ de l’Afrique de l’Ouest et du Centre : la compagnie sœur du Sénégal et une compagnie du Nigeria. 1 % des 16 millions, cela fait à peu près 160 000 passagers. Le reste, les 14 millions, est laissé aux compagnies qui ne sont pas de la région.

Alors, est-ce qu’il faut continuer à rester sur le régional, quand on a fini de construire un hub, quand on est équilibré, quand on est profitable ? Non, il faut peut-être aller chercher, sur ces 16 millions, notre part.

À terme, quel est l’objectif ? Atteindre le même niveau que certaines compagnies comme Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Emirates ?

Nous, nous sommes une compagnie africaine, et ce que nous revendiquons, c’est la capacité de l’Afrique à faire de belles choses, à bien les faire, avec professionnalisme, rigueur et sérieux. Et là-dessus, l’exemple d’Ethiopian est un très bel exemple.

C’est, selon nous, l’une des plus belles compagnies au niveau mondial. Mais nous ne voulons pas seulement ressembler à Ethiopian. N’oubliez pas que, dans notre capital, il y a Air France, qui détient 11 %, et qui nous a assistés et continue de nous assister.
Donc, l’idée, c’est quand même de ressembler à Air France, qui est un peu notre maison mère, et même d’aller plus loin.
Nous voulons que la Côte d’Ivoire et la région puissent avoir une compagnie digne des grands noms de l'aérien comme Air France, comme Ethiopian, comme Emirates.

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