Elliot Randriamandrato, porte-parole de Gen Z Madagascar
Elliot Randriamandrato, porte-parole de Gen Z Madagascar
La ministre de la Justice a indiqué qu'avant la fin de l'année, Madagascar engagerait des poursuites contre l'ancien président, Andry Rajoelina. Pour vous, il faut des actes concrets. Qu'entendez-vous par là ?
Il faut des mesures comme celles qui ont été annoncées, c'est-à-dire des poursuites réelles contre les responsables de ce qui est arrivé récemment à Madagascar. Donc, en premier lieu, l'ancien président de la République et son ancien gouvernement.
Vous avez aussi critiqué la présence de trois anciennes ministres d'Andry Rajoelina au sein du nouveau gouvernement. Vous réclamez également la dissolution de la Haute Cour constitutionnelle, de l'Assemblée et du Sénat. Pensez-vous que toutes ces revendications seront entendues ?
Pour l'instant, j'espère qu'elles seront entendues, dans la mesure où c'est ce qu'il faut réellement pour entamer la refondation dont on parle depuis la chute d'Andry Rajoelina. Et en fait, les prochaines concertations nationales seront exactement le moment de remettre en avant ces demandes et de promouvoir une réelle refondation. Et pour qu'il y ait une réelle refondation, il faut justement ces dissolutions.
Depuis qu'il est président de la refondation, Michael Randrianirina répète qu'il est toujours ouvert au dialogue. Il organise plusieurs discussions avec des acteurs de la société civile et certains partis politiques. Pensez-vous que le président de la Refondation sera en capacité de répondre à l'ensemble de vos demandes, non seulement les vôtres, mais aussi celles des autres acteurs de la société civile ?
Je pense qu'il est capable de répondre aux demandes s'il reste ouvert au dialogue et réellement engagé dans une co-construction avec tous les acteurs autour de lui, y compris Gen Z Madagascar. Tant qu'il n'y a pas de fermeture de sa part, tout cela est largement possible.
À l'origine des mobilisations qui ont conduit au départ d'Andry Rajoelina, en octobre dernier, se trouvaient notamment les difficultés d'accès à l'eau et à l'électricité. Il y a aussi eu la dénonciation de la corruption dans le pays. Dans un entretien accordé à un média russe, le président de la Refondation a annoncé que tous les responsables politiques pourraient être jugés devant un tribunal de première instance. Il a parlé d'un geste fort. Est-ce, selon vous, un geste réellement fort ? En tout cas, si cela se réalise ?
Oui, ce serait un geste très fort d'amener les réels responsables devant la justice. Quand on dit “réels responsables”, on entend ceux qui ont véritablement commis des malversations ou des méfaits pendant l'exercice de leur pouvoir. Et cela pourrait être positif, à condition de laisser la justice faire son travail correctement. Il ne s'agit pas d'arrêter les gens sommairement ou arbitrairement, mais de faire confiance à un système judiciaire indépendant.
Emmanuel Macron s'est dit disposé à accompagner Madagascar dans sa refondation (...) Cette aide est-elle bienvenue ?
Actuellement, cette aide est perçue comme un acte d'hypocrisie, car elle arrive bien après avoir soutenu le régime précédent. La France fournissait déjà des aides sur ces mêmes sujets, notamment pour la famine dans le Grand Sud, sans que cela n'apporte de solutions concrètes. Pour les élections, il ne suffit pas d'aider à les organiser : il faut les rendre transparentes et réformer le système électoral.
Cette aide serait la bienvenue, mais il faut revoir les termes ?
Je pense que oui. Il faut revoir les termes de cette aide. Si c'est le même type d'aide que celle fournie depuis des dizaines d'années, cela ne changera rien.
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