Une stratégie d’« asphyxie économique » plutôt qu’une prise de Bamako
Ecoutez Bakary Sambe
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Selon le rapport du Timbuktu Institute, publié en novembre 2025 et intitulé « Offensive du JNIM : entre jihad économique et menace des intérêts étrangers », le groupe jihadiste a lancé depuis septembre une offensive d’envergure dans l’ouest du Mali. Les attaques répétées contre les camions-citernes ont provoqué une pénurie d’essence sans précédent dans tout le pays, paralysant une partie des activités économiques. Pour Bakary Sambe, cette offensive s’inscrit dans une logique claire : « Le JNIM est dans cette stratégie d’asphyxie de Bamako. (…) La stratégie du groupe, c’est plutôt d’étouffer la capitale et de la faire plier économiquement, en occupant les corridors de ravitaillement depuis la région de Kayes et la Côte d’Ivoire », explique-t-il.
#Mali #JNIM Perturbations, arrêts de production, surcoûts sécuritaires, pertes directes. Insécurité dissuasive : entreprises étrangères hésitant à maintenir ou accroître les investissements ds des zones avec le risque de chute drastique ds investissementshttps://t.co/zVHyWJyuYE
— Timbuktu Institute (@Timbuktuacps) November 4, 2025
Le chercheur souligne le rôle clé de la Katiba Macina, faction dominante du JNIM, qui cherche désormais à s’imposer dans la région stratégique de Kayes, jusque-là relativement épargnée. « Cette région englobe 80 % de l’exploitation aurifère du Mali », rappelle-t-il, soulignant que les attaques visent aussi les intérêts étrangers, notamment émiratis et chinois, encore actifs dans la zone.
Un pouvoir malien fragilisé
Pour le chercheur, cette nouvelle offensive met en lumière la vulnérabilité du régime de transition dirigé par le général Assimi Goïta. « La concentration du pouvoir autour de Bamako et des forces spéciales pour protéger le régime a créé des déserts sécuritaires, notamment à Kayes », observe Bakary Sambe.
Les conséquences économiques se font déjà sentir : raréfaction du carburant, hausse des prix, et perte de revenus fiscaux pour l’État. « Chaque camion brûlé, chaque rançon encaissée, met à nu les carences du régime en place à assurer la sécurité », estime-t-il.
En marge de la cérémonie d’inauguration de la mine de lithium de N’Gouanala, le Président de la Transition, Son Excellence le Général d’Armée Assimi GOÏTA, a rencontré les autorités coutumières, religieuses et administratives de la région de Bougouni. pic.twitter.com/d1mCslDIrJ
— Presidence Mali (@PresidenceMali) November 3, 2025
Selon l’enseignant-chercheur, le JNIM exploite ces failles pour miner la légitimité des militaires au pouvoir, accusés de ne pas avoir tenu leur promesse de restaurer la sécurité. « Le groupe jihadiste cherche à faire douter la population du pouvoir en place, à pousser au découragement et, à terme, à provoquer un effondrement interne », conclut-il.
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