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Mali : "Le JNIM mène une 'asphyxie économique' de Bamako" selon le chercheur Bakary Sambe

Actus. Bakary Sambe, président du Timbuktu Institute – African Center for Peace Studies, analyse la nouvelle stratégie du groupe jihadiste Jamaat Nasrat al-Islam wal Muslimin (JNIM). D’après l’expert, le mouvement lié à al-Qaïda cherche moins à conquérir Bamako qu’à l’étouffer économiquement, en ciblant les corridors d’approvisionnement et les intérêts étrangers dans l’ouest du Mali.

Mali : "Le JNIM mène une 'asphyxie économique' de Bamako" selon le chercheur Bakary Sambe
Bakary Sambe, président du Timbuktu Institute

Une stratégie d’« asphyxie économique » plutôt qu’une prise de Bamako 


Ecoutez Bakary Sambe


  

Selon le rapport du Timbuktu Institute, publié en novembre 2025 et intitulé « Offensive du JNIM : entre jihad économique et menace des intérêts étrangers », le groupe jihadiste a lancé depuis septembre une offensive d’envergure dans l’ouest du Mali. Les attaques répétées contre les camions-citernes ont provoqué une pénurie d’essence sans précédent dans tout le pays, paralysant une partie des activités économiques. Pour Bakary Sambe, cette offensive s’inscrit dans une logique claire : « Le JNIM est dans cette stratégie d’asphyxie de Bamako. (…) La stratégie du groupe, c’est plutôt d’étouffer la capitale et de la faire plier économiquement, en occupant les corridors de ravitaillement depuis la région de Kayes et la Côte d’Ivoire », explique-t-il.

Le chercheur souligne le rôle clé de la Katiba Macina, faction dominante du JNIM, qui cherche désormais à s’imposer dans la région stratégique de Kayes, jusque-là relativement épargnée. « Cette région englobe 80 % de l’exploitation aurifère du Mali », rappelle-t-il, soulignant que les attaques visent aussi les intérêts étrangers, notamment émiratis et chinois, encore actifs dans la zone. 

Un pouvoir malien fragilisé  

Pour le chercheur, cette nouvelle offensive met en lumière la vulnérabilité du régime de transition dirigé par le général Assimi Goïta. « La concentration du pouvoir autour de Bamako et des forces spéciales pour protéger le régime a créé des déserts sécuritaires, notamment à Kayes », observe Bakary Sambe. 
Les conséquences économiques se font déjà sentir : raréfaction du carburant, hausse des prix, et perte de revenus fiscaux pour l’État. « Chaque camion brûlé, chaque rançon encaissée, met à nu les carences du régime en place à assurer la sécurité », estime-t-il.

Selon l’enseignant-chercheur, le JNIM exploite ces failles pour miner la légitimité des militaires au pouvoir, accusés de ne pas avoir tenu leur promesse de restaurer la sécurité. « Le groupe jihadiste cherche à faire douter la population du pouvoir en place, à pousser au découragement et, à terme, à provoquer un effondrement interne », conclut-il. 

A lire aussi : Mali : Assimi Goïta s’exprime pour la première fois depuis le début de la crise du pétrole

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