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Attentats du 13 novembre 2015 : “Dix ans après, le chemin de la résilience reste compliqué” selon Guillaume Denoix de Saint-Marc

Actus. Guillaume Denoix de Saint-Marc est le président du collectif des familles de l'attentat du DC-10 d'UTA, fondateur et ancien directeur général de l’Association Française des victimes du Terrorisme. Il était l’invité d’Africa Radio jeudi 13 novembre 2025 à 07h45.

Attentats du 13 novembre 2015 : “Dix ans après, le chemin de la résilience reste compliqué” selon Guillaume Denoix de Saint-Marc
Guillaume Denoix de Saint-Marc - Nadir Djennad

Figure majeure du combat pour la reconnaissance des victimes du terrorisme, Guillaume Denoix de Saint-Marc revient, dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, sur la mémoire, la résilience et les avancées — mais aussi les fragilités — de la politique française d’aide aux victimes. 

Guillaume Denoix de Saint-Marc : "Il est important que tout le monde se souvienne"


 “On est dans un processus de résilience, même si c’est encore douloureux” 

Dix ans après les attaques du 13 novembre 2015, qui ont fait 132 morts et des centaines de blessés à Paris et à Saint-Denis, Guillaume Denoix de Saint-Marc perçoit chez les victimes un mélange de recueillement et de douleur persistante. “Il y a eu de nombreuses étapes, et chaque victime est différente. Globalement, on est plutôt dans un mode où l’on est axé sur le recueillement, sur la mémoire. Chacun a plus ou moins pansé ses plaies — pas forcément complètement — mais on est plutôt dans un processus de résilience, même si c’est encore très douloureux.” Le président du collectif des familles de l’attentat du DC-10 d’UTA rappelle que “le chemin reste compliqué”, évoquant notamment trois suicides parmi les victimes du 13 novembre depuis 2015.

 
 

“C’est après avoir traversé ma propre douleur que j’ai pu aider les autres” 

Touché personnellement par le terrorisme — son père est mort dans l’attentat du vol UTA DC-10 en 1989 — Guillaume Denoix de Saint-Marc explique que cet événement tragique a profondément façonné son engagement. “Dans un premier temps, j’étais dans une grande douleur et dans une incapacité à aider les autres, étant moi-même en position de demandeur d’aide. C’est après les négociations avec la Libye que j’ai pu franchir un cap, être plus à l’aise avec ma propre histoire, et me mettre au service des autres.” 
C’est dans cet esprit qu’il a fondé en 2009 l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT), qu’il a dirigée jusqu’en 2022.

 

 “La France a beaucoup bougé, grâce à la pression des victimes” 


Depuis 2015, la France a considérablement renforcé son dispositif d’aide aux victimes, avec la création d’une cellule interministérielle, du Fonds de garantie et de structures d’accompagnement psychologique. “La France a beaucoup bougé, sous notre pression. Nous avons co-construit une vraie politique publique de l’aide aux victimes sur le court, moyen et long terme. On est passé du peloton de queue à celui des États qui font le mieux pour les victimes du terrorisme.” 
Il salue notamment la mise en place d’une délégation interministérielle à l’aide aux victimes, qui permet d’aborder les cas particuliers et de coordonner l’action publique. 

 “Il faut renouer avec la co-construction entre l’État et les associations” 

Malgré ces progrès, Guillaume Denoix de Saint-Marc alerte sur un recul de la coopération entre les institutions et les associations issues des victimes elles-mêmes. “Ceux qui accompagnent aujourd’hui les victimes n’ont pas vécu les attentats. On a un peu oublié la co-construction, cette façon de co-gérer les actions entre pouvoirs publics et associations. C’est un peu ce qui me fait peur.” 

“Il faudrait presque que les victimes oublient et que la société se souvienne” 

À l’heure des commémorations, il insiste sur l’importance de la mémoire collective et sur le futur musée-mémorial du terrorisme, actuellement en construction. “On peut toujours mieux faire, mais la France a avancé. Le musée ‘Mémorial’ permettra de raconter toutes les histoires du terrorisme, y compris celles des attentats oubliés.” 
Et de conclure : “Concernant le terrorisme, il est important que tout le monde se souvienne. À la limite, il faudrait presque que les victimes oublient et que le reste de la société s’en souvienne. Mais bien sûr, cela n’arrivera jamais. On est obligé, tous ensemble, de commémorer ce qui s’est passé."

 



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