RDC. L'ancien chef rebelle Roger Lumbala jugé à Paris : "Au début, peu de gens prêtaient attention à ce procès"

Actus. L’ex-rebelle congolais Roger Lumbala a comparu mercredi 12 novembre devant la cour d’assises de Paris pour complicité de crimes contre l’humanité. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il est jugé en France au nom du principe de compétence universelle, qui permet à la justice française de juger des crimes graves, même commis à l’étranger, lorsqu’une personne mise en cause se trouve sur le territoire français. Christian Moleka, analyste politique et coordinateur de la Dypol (la Dynamique des politologues de la République démocratique du Congo), était l'invité d’Africa Radio ce vendredi 14 novembre.

Publié le 14/11/2025 à 07h55, mis à jour le 14/11/2025 à 08h53 - Par Mougani Keisha

RDC. L'ancien chef rebelle Roger Lumbala jugé à Paris : "Au début, peu de gens prêtaient attention à ce procès" — L'homme politique et ancien chef rebelle présumé Roger Lumbala est jugé depuis mercredi 12 novembre, à Paris, pour des crimes commis lors de la deuxième guerre du Congo (1998-2003) - Facebook

Envie d'afficher votre publicité ?

Contactez-nous

Beaucoup parlent d'un procès historique. Est-ce le cas ?

Parce que beaucoup des crimes commis durant cette période, allant de 1999 jusqu’à l'installation de la Cour pénale internationale en 2003, n'ont jamais été jugés. Selon un rapport sur les violations des droits humains, dans le grand nord, à Butembo, il n’y a jamais eu de justice permettant à la fois de condamner les criminels et de réparer les préjudices subis par les victimes.

Il y a eu le procès de Jean-Pierre Bemba au niveau de la Cour pénale internationale,

Cela concernait la République centrafricaine

Il y a également eu l'affaire Thomas Lubanga, mais pour les violations des droits humains commises entre 1999 et 2002. Jusqu'à ce jour, ces crimes n'ont pas encore fait l'objet d'une justice véritable, autre qu’une condamnation d’en haut.

Roger Lumbala est un ancien député, ancien sénateur, opposant à Joseph Kabila. Mais au Congo, il est considéré comme une personne influente

Il n'a jamais été un acteur de premier plan dans le jeu politique. Il a marqué certaines actions, mais n’a jamais joué un rôle central. Il a fait partie de mouvements de rébellion,mais n’a jamais été un acteur majeur. Son opposition à Kabila en 2011 lui a accordé une certaine sympathie, mais cela n’a jamais fait de lui un acteur politique majeur.

Comment ce procès est perçu du côté de la République démocratique du Congo ?

C'est la dernière comparution qui est vraiment au cœur de la polémique à Kinshasa, parce qu'il a cité Jean-Pierre Bemba, qui est un allié très proche du président de la République. Il a aussi cité Constant Ndima, qui était gouverneur militaire dans le Nord-Kivu.

Jean-Pierre Bemba, qui est connu pour ses propos très durs vis-à-vis du camp Kabila, est au centre de cette polémique, qui alimente quelque peu le débat ici. Les membres de l’opposition, qui ont toujours subi les discours de Jean-Pierre Bemba, se réjouissent quelque peu et attendent de voir comment le président Tshisekedi, qui prend tout le temps des décisions au niveau international, va réagir ou collaborer.