ONG visées, humanitaires emprisonnés : un procès scruté par la communauté internationale
À 81 ans, Mustapha Djemali, fondateur du Conseil tunisien des réfugiés (CTR) et ancien cadre du HCR, comparaît de nouveau devant la justice tunisienne. Avec Abderrazek Krimi, chef de projet du CTR — tous deux emprisonnés depuis un an et demi — ainsi que trois autres mis en cause, il est poursuivi pour « création d’une organisation » visant à « faciliter l’entrée clandestine » et l’« hébergement » de migrants.
Lors de la première audience, le 16 octobre, l’avocate du prévenu, Me Mounira Ayari, avait réclamé le témoignage du HCR afin d’établir que le CTR agissait dans le cadre d’une « convention légale » et d’un programme financé par les Nations unies.
⚠️On 24 November 2025, human rights defenders Mustapha Djemali and Abderrazek Krimi will face criminal trial before the Tunis Court of First Instance, along with four others. Mustapha Djemali and Abderrazek Krimi have been in arbitrary pre-trial detention since their arrest in… pic.twitter.com/XDavhGVHlJ
— Amnesty MENA (@AmnestyMENA) November 18, 2025
Human Rights Watch a renouvelé lundi ses critiques, appelant les autorités tunisiennes à « abandonner des accusations infondées » et à « remettre en liberté les détenus ». « Le CTR a mené un travail de protection essentiel (…) opérant légalement avec des organisations internationales accréditées », a insisté Bassam Khawaja, directeur régional adjoint de HRW.
Un durcissement sans précédent envers les migrants et ceux qui les aident
Les poursuites s’inscrivent dans un climat de tensions extrêmes autour de la question migratoire. Depuis le discours virulent du président Kaïs Saïed en février 2023 dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens », les expulsions, violences et déplacements forcés se sont multipliés.
En mai 2024, plusieurs figures du milieu associatif — dont Sherifa Riahi, ex-dirigeante de Terre d’asile, et Saadia Mosbah, militante anti-raciste — avaient été arrêtées dans la même affaire.
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Des milliers de Subsahariens se sont retrouvés chassés de leur travail, de leur logement ou expulsés vers les frontières désertiques avec l’Algérie et la Libye, où au moins une centaine seraient morts.
À partir de septembre 2023, d’autres ont dû se réfugier dans des campements de fortune près de Sfax après avoir été expulsés des grandes villes.
Les organisations de défense des droits humains accusent aujourd’hui Tunis de faire peser sur les acteurs humanitaires la responsabilité d’une crise migratoire aggravée par la politique de l’État, au détriment des réfugiés et demandeurs d’asile eux-mêmes.
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