Maroc: le retrait des islamistes risque d'affaiblir la contestation dans la rue

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Maroc: le retrait des islamistes risque d'affaiblir la contestation dans la rue
RABAT (AFP) - (AFP)

Le retrait des fondamentalistes du Mouvement du 20 février risque d'affaiblir les jeunes contestataires qui continuent de manifester contre la corruption et la toute-puissance du roi dans les rues du Maroc, mais va lever l'ambiguïté sur une alliance entre islamistes et laïcs de gauche, selon les analystes.

Le groupe islamiste Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsane) a annoncé lundi son divorce, en accusant "certains des jeunes du 20 février" de "diffuser des idées et rumeurs qui asphyxient le climat au sein du Mouvement démocratique (...) en mettant des limites à nos revendications".

Ce retrait intervient alors que le nouveau chef du gouvernement marocain, l'islamiste modéré Abdelilah Benkirane, dont le Parti Justice et développement (PJD) a remporté les législatives fin novembre, appelle le Mouvement du 20 février au dialogue.

"Après des mois de contestation, les islamistes, mobilisant beaucoup de militants, ont conclu que ce sont les laïcs et les gauchistes qui profitent des manifestations régulières pour la démocratisation", déclare à l'AFP le politologue Mohamed Darif.

Interdite mais tolérée par les autorités, Justice et bienfaisance créée en 1973 par Abdessalam Yassine, est l'une des plus importantes associations islamistes au Maroc et a connu dans le passé une série d'arrestations.Adepte de la non-violence, elle a adhéré au Mouvement du 20 février dès le début de la contestation démocratique liée au Printemps arabe et ne s'est pas présenté aux élections.

Contrairement au PJD, ce groupe prosélyte que dirige le cheikh Yassine ne reconnaît pas au roi le statut de commandeur des croyants.L'un de ses dirigeants, Fathallah Arsalane, a indiqué récemment à l'AFP que son mouvement était même favorable à un Etat civil et non pas religieux.

Cette déclaration, une première pour ce mouvement qualifié de "religieux" par les analystes, était perçue comme un clin d'oeil aux jeunes laïcs du Mouvement du 20 février.

Pour M. Darif, le retrait de Justice et Bienfaisance risque d'affaiblir la mobilisation des jeunes alors que plusieurs pays arabes, comme la Tunisie, le Maroc et l'Egypte, ont donné une série de succès électoraux aux islamistes.

"En se retirant du Mouvement, les islamistes veulent s'adapter au contexte régional marqué par la déferlante islamiste, et prendre leurs distance vis-à-vis de ces jeunes dont certains sont perçus comme des athées et des non-jeûneurs" lors du mois de ramadan, souligne encore M. Darif.

"Le mouvement était déjà dans le creux de la vague, et il est probable que le retrait des islamistes affaiblisse, quantitativement parlant, sa capacité de mobilisation", ajoute l'économiste Fouad Abdelmoumni.

Mais selon plusieurs militants du 20 février, le retrait des islamistes va atténuer les critiques internes sur la présence de religieux, au sein d'un mouvement se voulant séculier.

"Notre mouvement qui se définit comme laïc était souvent critiqué à cause de la présence des islamistes.Aujourd'hui, il le sera moins, même si je n'ai jamais été contre leur présence.Ils font partie de la société", a déclaré à l'AFP Najib Chaouki, de la section de Rabat du Mouvement du 20 février.

Depuis quelques mois, les islamistes "étaient souvent attaqués par les laïcs qui lui demandent régulièrement de clarifier ses positions, notamment vis-à-vis des libertés individuelles", précise encore M. Darif.

Le mouvement du 20 février a continué de manifester par milliers dans les grandes villes du Maroc, comme Casablanca, la capitale économique, ou Tanger (nord), même après les élections législatives de novembre, pour une réforme plus grande de la monarchie marocaine et davantage de justice sociale.

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