Mali: attaque des rebelles sur Gao, une force ouest-africaine "en alerte"

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BAMAKO (AFP) - (AFP)

Des rebelles touareg ont attaqué samedi dans la ville de Gao, dernière place-forte au nord Mali des troupes d'une junte désormais prise en tenaille par la rébellion au nord, et les pays d'Afrique de l'Ouest qui ont mis en alerte leur force d'intervention.

 Sous les tirs d'armes lourdes, des rebelles sont entrés dans au moins trois des huit quartiers de Gao, principale ville du nord, à un millier de km au nord-est de Bamako, et qui abrite l'état-major de l'armée malienne pour toute la région septentrionale.

Les assaillants ont été repoussés en fin de journée, ont affirmé deux sources militaires à Bamako, qui craignaient cependant un nouvel assaut.

Les combats se sont concentrés autour des deux camps militaires de Gao, où les forces gouvernementales se sont réfugiées pour résister, selon des témoignages concordants.

Toujours selon des témoins, des islamistes ont participé à l'assaut, dont certains s'en sont pris à des débits de boissons, et criaient "Ansar Dine", du nom du groupe armé du chef touareg Iyad Ag Ghaly, l'une des principales composantes de la rébellion.

 Dans un courriel adressé à l'AFP, "le Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao)", une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, a revendiqué sa participation à l'attaque.

Après la chute de Kidal vendredi, l'attaque sur Gao est un coup d'autant plus dur pour la junte qu'elle avait justement invoqué l'échec du régime à mater la rébellion pour renverser le 22 mars le président Amadou Toumani Touré (dit ATT).

Kidal, à environ 300 km plus au nord-est, avait été prise par Ansar Dine, appuyé par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

C'est désormais l'essentiel du nord-est du pays qui est aux mains des rebelles touareg et de groupes islamistes qui mènent depuis la mi-janvier une vaste offensive pour "libérer" les territoires de l'Azawad, berceau des Touareg.

Seules les garnisons de Gao et Tombouctou restent encore sous contrôle gouvernemental.

A un millier de km, Bamako semble encore hors de portée des rebelles, mais l'offensive foudroyante des rebelles menace plus que jamais la junte du Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE).

Acculée face aux rebelles, totalement isolée sur la scène internationale, la junte, par la  voix de son chef, le capitaine Amadou Sanogo, avait déjà jugé vendredi la "situation critique", après les menaces de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest" (Cédéao) d'imposer un embargo "diplomatique et financier" si l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli d'ici lundi.

"Préserver à tout prix l'intégrité du Mali"

Trois représentants de la junte de sont rendus samedi à Ouagadougou, où ils ont rencontré le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, marquant ainsi le début d'un véritable dialogue entre les mutins et les chefs d'Etat de la région.

"Sur les grands principes qui nous ont été demandés, nous disons que nous sommes d'accord", a affirmé à l'issue le colonel Moussa Sinko Coulibaly, directeur de cabinet du chef de la junte.

"Il faut une vie constitutionnelle régulière et normale, et maintenant les modalités pour arriver à ça, c'est ça que nous allons discuter (...) ", a déclaré l'officier.

Le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé devait se rendre "immédiatement" à Bamako pour rencontrer le capitaine Sanogo et discuter des "modalités de sortie de crise".

Samedi matin, le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, a annoncé la mise en alerte d'une "force d'intervention" régionale de 2.000 hommes.

L'objectif est de "préserver à tout prix l'intégrité territoriale du Mali", a expliqué le président Ouattara: "si la légitimité est rétablie et que ces mouvements armés s'aperçoivent qu'il y a une mobilisation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite".

La ou les missions de cette force d'intervention comme ses modalités de déploiement restent bien floues pour le moment: remettre la junte au pas, ou stopper l'avancée de la rébellion dans le nord.

A Bamako, la nouvelle de l'avancée des rebelles jusqu'à Gao a suscité de l'inquiétude, mais pas de mouvement de panique ou de soudaine manifestation de patriotisme.

A l'appel de religieux musulmans, catholiques et protestants, près de 25.000 personnes ont participé dans un stade du centre de la capitale à un grand rassemblement oecuménique "pour la paix".

"Nous devons nous donner la main, taire nos différences et sauver le Mali", a plaidé le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), Mahmoud Dicko, se disant "très inquiet" de la situation à Gao.

Des milliers de partisans de la junte se sont retrouvés lors d'un autre meeting en périphérie sud de Bamako pour exprimer leur hostilité au régime renversé d'ATT, à la France et aux pays voisins du Mali.

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