Les enseignants d'une grande partie des écoles primaires et secondaires sont en grève depuis près de deux mois, réclamant de meilleurs traitements et conditions de travail. L'université Félix Houphouët-Boigny, la principale du pays avec 60.000 étudiants, a connu six semaines de grève des professeurs, mouvement suspendu depuis début mars.Selon plusieurs témoignages, des élèves et étudiants voulaient empêcher les cours de se dérouler dans des établissements où la grève n'est pas suivie, afin d'alerter sur leur situation, leur année scolaire étant gravement perturbée par ces grèves."Un groupe d'élèves et étudiants de la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire) en furie est venu pour déloger leurs camarades de Mermoz", à Cocody, quartier chic d'Abidjan, a expliqué un témoin à l'AFP."Ils en ont été brutalement empêchés par les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogène pour les disperser", a-t-il poursuivi, faisant état "d'élèves sauvagement battus" par les forces de l'ordre."Il y a eu des jets de pierres d'un côté et de lacrymogène de l'autre", a expliqué un parent d'élève français du lycée.Des incidents similaires se sont déroulés devant le lycée moderne de Cocody (public) où des policiers ont fait usage de lances à eau pour disperser des élèves qui ripostaient en leur jetant des pierres. La principale voie passant devant le lycée était parsemée de pierres et le quartier bouclé par un important dispositif de policiers anti-émeute, a constaté l'AFP en début d'après-midi.Des affrontements ont aussi lieu à Koumassi, quartier populaire du sud d'Abidjan, selon l'agence Alerte Info.Les grèves dans le secteur public sont récurrentes en Côte d'Ivoire depuis deux ans, malgré la signature en août 2017 d'une trêve sociale de cinq ans moyennant le paiement sur plusieurs années d'arriérés de salaires pour environ 130.000 fonctionnaires, soit 70% des effectifs de la fonction publique.Les affrontements entre étudiants et forces de l'ordre ne sont pas rares en Côte d'Ivoire. La Fesci, puissant et sulfureux syndicat, est souvent à l'origine de manifestations parfois violentes.Créée en 1990 à l'avènement du multipartisme, la Fesci, vue comme une milice par ses plus farouches détracteurs, a été accusée par le passé par des ONG nationales et internationales de violences à l'égard des opposants à l'ancien président Laurent Gbagbo, ainsi que de racket en milieu étudiant. Les responsables de la Fesci ont toujours démenti.
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