Vendredi, les Soudanais l'ont découvert lorsque le général Awad Ibn Ouf, chef du Conseil militaire de transition depuis la veille, quand l'armée avait déposé le président Omar el-Béchir, lui a remis les commandes du pays.
Ibn Ouf a jeté l'éponge quand il a vu les manifestants ayant provoqué jeudi le renversement de Béchir par l'armée maintenir leur sit-in, braver le couvre-feu des militaires et reprendre les mêmes slogans, y changeant uniquement le nom d'Omar el-Béchir pour le sien.
Pour les protestataires, le général Ibn Ouf incarnait le régime Béchir et ses trente années de règne sans partage.
L'armée leur a répondu en nommant Abdel Fattah al-Burhane, un général issu des mêmes académies mais qui, lui, "n'a jamais été sous le feu des projecteurs", affirme un officier.
Il a été au cours de sa carrière attaché de Défense à Pékin, mais il est surtout, "un très haut gradé de l'armée, un commandant qui sait mener ses troupes", ajoute l'officier soudanais, sous le couvert de l'anonymat.
Vendredi, avant même d'être catapulté à la tête d'une transition surveillée à travers le monde, le général Burhane a été vu en train de discuter avec les manifestants rassemblés devant le QG de l'armée à Khartoum et bien décidés à y rester jusqu'au départ d'Ibn Ouf.
- Pas de sensibilités politiques -
Né en 1960 à Gandatu, un village au nord de Khartoum, Abdel Fattah al-Burhane a fait des études dans une école de l'armée soudanaise puis en Egypte et en Jordanie.
Il a été commandant de l'armée de terre avant que le président déchu le nomme inspecteur général de l'armée en février.
Selon les médias soudanais, lorsqu'il était commandant des forces terrestres, il avait coordonné l'envoi de troupes soudanaises au Yémen en guerre.
L'envoi de ces troupes a été décidé par Omar el-Béchir dans le cadre d'une coalition militaire sous commandement saoudien intervenue en 2015 au Yémen pour soutenir le gouvernement face aux rebelles Houthis accusés de liens avec l'Iran.
Des centaines de soldats et officiers soudanais combattent au Yémen, où ils ont souvent déploré des pertes parmi leurs hommes.
On ignore le nombre exact de militaires soudanais envoyés au Yémen mais des images montrant des soldats soudanais morts ou blessés circulent régulièrement sur les réseaux sociaux suscitant des appels au retour des troupes.
"Burhane n'a pas de sensibilités politiques, c'est un militaire de carrière", explique l'officier.
Le général Burhane est marié et père de trois enfants.
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