Bissau: les dirigeants de radios "illégales" menacés de prison
Le gouvernement bissau-guinéen a menacé mardi les responsables de radios privées d'une sanction pénale pouvant aller jusqu'à trois ans de prison ferme s'ils ne sont pas à jour du paiement de leur licence.
12 avril 2022 à 20h36 par AFP
Cette annonce, publiée par décret, survient après la suspension récente de toutes les radios privées du pays, pour cause de non paiement de cette licence, selon une source au ministère de la Communication. Sur les 88 stations privées qui émettaient en Guinée-Bissau au début du mois, 76 étaient encore privées d'antenne mardi, 12 ayant été autorisées à reprendre leurs émissions après avoir payé la licence annuelle d'un coût de 250.000 FCFA (environ 380 euros), a indiqué cette source à l'AFP. "Les stations de radios privées et communautaires du pays qui n'ont pas encore régularisé leur statut et continuent à émettre clandestinement sont considérées comme illégales", selon le texte du décret rendu public par le ministère de la Communication dans un communiqué. "Quiconque exerce, sans licence, l'activité de radiodiffusion ou réalise des émissions considérées comme clandestines, aux termes de la loi, est puni d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans ou d'une amende correspondante", ajoute le texte. Dénonçant "une façon de réduire la presse au silence", Umaro Santé journaliste membre de la direction de Capital FM, radio réputée proche du principal parti d'opposition, estime que "les actes posés par le gouvernement [...] marquent un recul en termes de liberté de la presse et d'expression". "Le gouvernement est en train de semer la terreur au sein [de la]presse par des attaques perpétrées contre les stations de radio, des passages à tabac de journalistes, etc." a-t-il dit à l'AFP. Petit pays instable d'Afrique de l'Ouest, la Guinée-Bissau occupe la 95e place (sur 180) dans l'édition 2021 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Bissau a été le théâtre le 1er février de ce que le président Umaro Cissoco Embalo a présenté comme une tentative déjouée de coup d'Etat. Quelques jours plus tard, les locaux de la radio Capital FM avaient été saccagés par des hommes armés encagoulés, qui avait malmené ses responsables et blessé une journaliste, selon un des cadres de cette station connue pour ouvrir son antenne aux adversaires du chef de l'Etat et qui a cessé d'émettre depuis lors.