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Centrafrique: mandat d'arrêt de la CPI contre un ex-chef rebelle

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé jeudi avoir émis un mandat d'arrêt contre un ex-chef de la Séléka et leader d'un groupe armé en Centrafrique, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés lors de troubles civils en 2013.

AFRICA RADIO

28 juillet 2022 à 19h36 par AFP

Nourredine Adam, actuellement au Soudan selon plusieurs experts, est recherché pour des crimes qui auraient été commis alors qu'il était ministre de la Sécurité sous la Séléka, une coalition de groupes armés principalement composée de musulmans ayant renversé en 2013 l'ancien président François Bozizé. Il est entre autres suspecté des crimes de torture, persécution et disparition forcée dans des centres de détentions dirigé par le régime en place à l'époque, ont précisé les procureurs de la CPI. "C'est un acte qu'on ne peut qu'encourager et suivre de près de notre côté" a déclaré à l'AFP Ghislain Djorie, ministre centrafricain de la Communication. "Nul n'est au dessus des lois, tous ceux qui ont commis des délits et crimes sur le sol centrafricain seront jugés", a-t-il ajouté, assurant que "le gouvernement ne fait que respecter les procédures de la communauté internationale". L'un des pays les plus pauvres du monde, la République centrafricaine a été plongée dans une guerre civile sanglante après un coup d'État en 2013 et, bien que la violence ait diminué au cours des quatre dernières années, les groupes armés contrôlent toujours de vastes étendues du pays. Adam, également appelé "Nouredine Adam", "Nureldine Adam", "Nourreldine Adam" et "Nourreddine Adam" est actuellement chef du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC). L'année dernière, le groupe a refusé de déposer les armes en réponse à une offre de cessez-le-feu du président centrafricain Faustin-Archange Touadera. La CPI a expliqué avoir publié "la version publique expurgée" du mandat d'arrêt, initialement délivré sous scellés le 7 janvier 2019. M. Adam fait déjà l'objet de sanctions de l'ONU, selon le mandat d'arrêt. - Installé à Khartoum - Nourredine Adam "a joué un rôle clé dans la Séléka", mais est depuis plusieurs années "installé à Khartoum", ce qui fait que son rôle au sein de la crise centrafricaine actuellement est négligeable, selon Thierry Vircoulon spécialiste de l'Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales (IFRI). "On verra si les militaires qui dirigent le Soudan veulent bien le livrer", a-t-il ajouté auprès de l'AFP. Il était l'"homme fort et le cerveau de la Séléka", a souligné à l'AFP Nathalia Dukhan, experte de la Centrafrique de l'ONG The Sentry. "Son arrestation demeurera le plus grand défi", a-t-elle toutefois averti, affirmant également qu'il se trouve au Soudan. Le coup d'État de 2013 en Centrafrique avait renversé le président François Bozizé et plongé le pays dans la guerre civile. Les combats ont opposé une coalition de groupes armés qui ont renversé Bozizé, la Séléka majoritairement musulmane, et des milices le soutenant, majoritairement chrétiennes anti-Balaka. Les violences auraient fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon la CPI. Deux anciens chefs de guerre centrafricains, Patrice-Edouard Ngaissona et Alfred Yekatom, qui dirigeaient des milices anti-Balaka, sont actuellement jugés à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le procès de Mahamat Said Abdel Kani également accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, doit s'ouvrir en septembre.