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Egypte: des ONG dénoncent la clôture de l'affaire de la mort d'un économiste

Sept ONG égyptiennes des droits humains ont dénoncé jeudi la clôture définitive de l'affaire de la mort en détention de l'économiste Ayman Hadhoud, pour laquelle Washington avait réclamé une enquête "crédible".

AFRICA RADIO

30 juin 2022 à 19h21 par AFP

M. Hadhoud, également cadre d'un parti libéral, avait été arrêté début février pour "violences" selon le parquet. Sa famille assure avoir été informée de sa mort, en mars, un mois et demi après. En mai, les sept ONG, dont l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), avaient réclamé au parquet l'examen des "images de vidéosurveillance" de l'immeuble où M. Hadhoud a été interpellé, des commissariats où il a été retenu puis de l'hôpital psychiatrique où il a finalement été interné. Mais la justice a ordonné la clôture de l'enquête début juin, rejetant des plaintes du frère de M. Hadhoud. Les ONG ont annoncé jeudi dans un communiqué qu'une nouvelle demande de leur part d'enquêter sur le cas a été définitivement déboutée le 23 juin. Cette décision "fait encore plus douter des raisons ayant poussé à clore cette affaire", disent-elles, accusant le parquet de s'être appuyé sur l'expertise d'un seul médecin légiste "qui a attribué le décès à une maladie cardiaque" et de n'avoir autorisé "qu'un seul avocat de la famille à accéder au dossier seulement une heure". Dès avril, le parquet écartait "toute piste criminelle" dans la mort d'Ayman Hadhoud, mais pour son frère Omar, il a été "assassiné". "Il avait reçu des menaces, il se sentait en danger" et "on lui avait demandé de modifier ses recherches" qui portaient sur la crise économique en Egypte, affirme-t-il à l'AFP en refusant de nommer les auteurs de ces menaces. L'Egypte, pays de 103 millions d'habitants, compte plus de 60.000 prisonniers d'opinion selon les ONG et viole les droits humains dans tous les domaines pour Washington qui a gelé 10% de son aide en rétorsion. Dans son rapport annuel, le département d'Etat américain cite "exécutions extra-judiciaires", "disparitions forcées", "tortures", "détentions arbitraires", "censure", "droit de rassemblement et d'association" violés, "violence anti-LGBT" et "travail forcé des enfants". Le tout "dans un environnement d'impunité". L'Egypte est en queue de classement pour les libertés universitaires dans le monde établi par l'Academic Freedom index (AFi). En 2016, le jeune chercheur italien Giulio Regeni avait été retrouvé mort au Caire, le corps mutilé. Rattaché à l'Université de Cambridge, il travaillait sur le sujet sensible des syndicats. Le procès par contumace en Italie de quatre policiers égyptiens mis en cause a été suspendu sine die dès son ouverture.