Le Lesotho, petit royaume instable, choisit ses députés

Le Lesotho, petit royaume perché dans les montagnes d'Afrique australe où l'instabilité politique a chassé, avant la fin de leur mandat, les chefs de gouvernement des dix dernières années, tient vendredi des élections législatives.

AFRICA RADIO

5 octobre 2022 à 9h06 par AFP

Johannesburg (AFP)

La monarchie constitutionnelle de 2,2 millions d'habitants, dont le territoire est totalement enclavé à l'intérieur de l'Afrique du Sud, a une longue histoire de turbulences politiques.Coups d'Etat et exils forcés se sont succédé dans l'ancien protectorat britannique indépendant depuis 1966.

En 30 ans de règne, Moshoeshoe II a été contraint deux fois à l'exil.L'actuel roi, son fils Letsie III, lui a succédé en 1996.En 2014, un coup d'Etat manqué a provoqué la fuite de l'ex-Premier ministre, rétabli grâce à une médiation étrangère. 

Les derniers meetings de campagne le weekend dernier ont rassemblé des milliers de soutiens sous des chapiteaux dressés au milieu des massifs pelés.Certains sont venus enveloppés des traditionnelles couvertures en laine des bergers sotho, principale ethnie du pays. 

Dans ce régime parlementaire mixte avec un roi sans réel pouvoir, le Premier ministre régit.Mais depuis dix ans, le pays de la taille de la Belgique est dirigé par des gouvernements de coalition, aucun parti ne parvenant à remporter une majorité absolue dans les urnes.

L'Assemblée compte 120 sièges dont 80 députés élus au scrutin majoritaire et 40 désignés à la proportionnelle. 

Le Lesotho a tenté avant le scrutin de stabiliser son système et empêcher les députés de changer de bord une fois élus mais cette tentative de réforme, soutenue par l'Union européenne, l'ONU et les pays voisins de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), s'est soldée par un échec.

Des observateurs indépendants sont sur place en vue des élections de vendredi.

- "Coalition inévitable" -

Un nouveau chef de gouvernement sera désigné à l'issue du scrutin.L'actuel Premier ministre, Moeketsi Majoro, en poste seulement depuis 2020, ne brigue pas de mandat.

Chef d'une coalition de quatre partis emmenée par la Convention de tous les Basotho (ABC), M. Majoro a perdu en début d'année le contrôle de l'organisation après des luttes internes qui ont abouti à une scission du parti majoritaire affaibli.

Il avait succédé à Thomas Thabane vainqueur en 2017 mais poussé à la démission, accusé d'avoir commandité le meurtre de sa première femme avec qui il était en procédure de divorce.Sa seconde femme a également été inculpée.Toutes les charges ont finalement été abandonnées en juillet.

La crise politique engendrée par cette affaire avait incité l'Afrique du Sud, dont le Lesotho est économiquement dépendant, à envoyer un émissaire. 

Lors des précédentes législatives, l'ABC avait remporté 48 sièges sur 120, devant l'Alliance démocratique (DC) avec 30 députés.Les experts sont unanimes pour estimer qu'aucun parti n'a de réelle chance de remporter une majorité absolue vendredi.

"Quel que soit le parti qui sort victorieux, un gouvernement de coalition est inévitable", a estimé auprès de l'AFP Seroala Tsoeu-Ntokoane, du département d'Etudes politiques à la National University of Lesotho. 

Mais un nouveau mouvement créé par Sam Matekane, homme d'affaires distingué par le magazine Forbes et considéré comme la personnalité la plus riche du pays, pourrait créer la surprise. 

Le millionnaire de 64 ans, qui s'est fait un nom par ses actions philanthropiques, a notamment fait fortune dans les mines et investi dans le cannabis médical, secteur dans lequel le Lesotho est pionnier en Afrique. 

Les meetings de son parti baptisé la "Révolution pour la prospérité", auxquels M. Matekane a parfois débarqué à bord d'une flotte d'hélicoptères, ont rassemblé des foules.

En 2017, seuls 47% des plus de 1,2 million d'électeurs s'étaient rendus aux urnes. 

Le Lesotho est un des pays les plus pauvres de la planète.Plus de 30% de sa population, majoritairement rurale, vit avec moins de 1,90 dollar par jour.