Le Maroc se dote d'une agence de régulation du cannabis légal

L'Agence marocaine de régulation du cannabis légal a tenu jeudi sa première réunion à Rabat, dernière étape avant la mise en oeuvre d'une loi légalisant l'usage thérapeutique de cette plante cultivée à grande échelle dans le nord-est du pays.

AFRICA RADIO

3 juin 2022 à 0h21 par AFP

Le Maroc, premier producteur mondial de résine de cannabis selon l'ONU, a adopté en 2021 une loi autorisant "les usages licites du cannabis médical, cosmétique et industriel" sous le contrôle d'une agence nationale créée à cet effet. Pour sa première réunion, sous la présidence du ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit, le conseil d'administration de "l'Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis" (ANRAC) a approuvé son organigramme et son budget au titre de l'année 2022. Cette structure publique est chargée de contrôler toutes les étapes de la chaîne de production, depuis l'importation des semences et la certification des plants jusqu'à la commercialisation des produits issus du cannabis. Son plan d'action comprend en particulier le prochain lancement de procédures d'octroi de licences aux opérateurs nationaux et internationaux de l'industrie du cannabis licite. L'agence devra également mettre en place les premières coopératives de transformation et de fabrication, composées exclusivement de cultivateurs locaux. Les six derniers arrêtés techniques nécessaires à l'implémentation de la loi ont été publiés jeudi au bulletin officiel, a précisé à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Intérieur. - Cannabis "récréatif" toujours prohibé - En mars dernier, le gouvernement avait fixé les zones autorisées à la culture, à la production, à l'exploitation du cannabis, soit les provinces d'Al Hoceima, de Chefchaouen et Taounate, situées dans le Rif, région montagneuse enclavée et déshéritée. Traditionnellement cultivé depuis des siècles, autorisé sous le protectorat français, interdit en 1954 mais toléré depuis, le "kif" y fait vivre au moins 60.000 familles sur 55.000 hectares, selon des chiffres officiels de 2019. D'autres provinces pourraient être ajoutées "suivant l'intérêt manifesté par les investisseurs nationaux et internationaux à l'égard des activités liées à la chaîne de production du cannabis", selon le ministère de l'Intérieur. Ce cadre juridique vise à permettre à l'Etat de valoriser une culture lucrative actuellement aux mains des trafiquants. Il ne concerne pas le cannabis "récréatif", toujours prohibé. Le but est de "reconvertir les cultures illicites destructrices de l'environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d'emplois", selon la loi de 2021. Jusqu'à présent, les petits cultivateurs du Nord touchaient "4% du chiffre d'affaires final dans le circuit illégal" contre potentiellement "12% dans le marché légal", d'après l'agence officielle MAP. Le Maroc table sur le "développement soutenu" du marché mondial du cannabis médical, avec des prévisions de croissance moyenne annuelle de l'ordre de 60% en Europe, son "marché cible", selon une note du ministère de l'Intérieur publiée l'an dernier. Les professionnels estiment à un milliard de dollars (0,8 milliard d'euros) le marché du cannabis légal en Europe.