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Le Pakistan va enquêter sur la mort d'un journaliste vedette au Kenya

Le Pakistan va ouvrir une enquête sur la mort au Kenya d'un présentateur vedette de la télévision pakistanaise, qui avait fui son pays il y a quelques mois pour échapper à une arrestation pour sédition, a annoncé mardi le gouvernement.

AFRICA RADIO

25 octobre 2022 à 16h06 par AFP

Arshad Sharif, critique véhément de la toute puissante armée pakistanaise et partisan de l'ancien Premier ministre Imran Khan, a été tué dimanche quand la police kényane a ouvert le feu sur son véhicule à un barrage routier, à une quarantaine de kilomètres de la capitale Nairobi. Les policiers, qui avaient dressé ce barrage, auraient fait feu en pensant tirer sur une voiture volée, utilisée dans un enlèvement, et qu'ils recherchaient. "J'ai décidé de former une commission judiciaire pour enquêter sur la mort du journaliste Arshad Sharif, afin de déterminer les faits dans ce tragique accident de manière transparente et concluante", a annoncé mardi sur Twitter le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif. Les spéculations vont bon train depuis lundi dans les médias et sur les réseaux sociaux au Pakistan sur la possibilité qu'Arshad Sharif, qui avait publiquement dit avoir reçu des menaces de mort, ait été délibérément visé. "C'était un assassinat planifié", n'a pas hésité à tweeter Shireen Mazari, l'ex-ministre aux Droits humains sous le précédent gouvernement d'Imran Khan, qualifiant de "mensonge" la version officielle des événements. En août, M. Sharif avait interviewé sur la chaîne Ary News un proche conseiller d'Imran Khan, Shahbaz Gill, qui avait à cette occasion exhorté les officiers de l'armée à désobéir aux ordres contraires "à la volonté de la majorité (du peuple)". Ces déclarations avaient été considérées comme séditieuses par les autorités. Ary News avait ensuite brièvement été empêchée d'émettre et un mandat d'arrêt avait été émis contre M. Sharif, qui avait alors quitté le pays. M. Gill avait été arrêté après son interview. M. Khan avait ensuite affirmé que son conseiller avait été torturé et qu'il avait subi de sévices sexuels en détention, ce qui lui avait valu plusieurs comparutions devant des tribunaux, pour des accusations d'outrage à magistrat et d'infraction à la loi antiterroriste ensuite abandonnées. Les critiques à l'encontre de l'armée et des puissants services de sécurité sont depuis longtemps considérées comme une ligne rouge au Pakistan, classé parmi les pays les plus dangereux au monde pour les professionnels des médias. Le Pakistan occupe la 157e place sur 180 au dernier classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). La Commission pakistanaise des droits humains a estimé que les autorités locales avaient "un long et sombre passé de recours à des tactiques violentes pour réduire au silence les journalistes".