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A Djibouti, le confinement ne prend pas et l'épidémie s'aggrave

A Djibouti, le pouvoir autoritaire du président Ismaïl Omar Guelleh peine à faire respecter le confinement et ne cache plus son inquiétude face au rythme auquel l'épidémie de Covid-19 se propage dans ce pays petit et pauvre de la Corne de l'Afrique.

Avec 986 cas officiellement recens&eacute;s, Djibouti est le pays d'Afrique de l'Est &agrave; avoir d&eacute;clar&eacute; le plus grand nombre de cas de nouveau coronavirus, et de tr&egrave;s loin m&ecirc;me.&nbsp;
Il a la plus forte pr&eacute;valence du continent avec 98,6 cas pour 100.000 habitants, selon le Centre de contr&ocirc;le et de pr&eacute;vention des maladies (CDC) de l'Union africaine.
Ces chiffres sont cependant &agrave; relativiser.Car Djibouti, dont la population approche le million d'habitants, a aussi men&eacute; plus de 10.000 tests, soit autant que l&rsquo;&Eacute;thiopie voisine (116 cas recens&eacute;s), deuxi&egrave;me pays le plus peupl&eacute; d'Afrique avec plus de 100 millions d'habitants.
Mais l'&eacute;volution est pr&eacute;occupante.&nbsp;En deux semaines, le nombre de cas a &eacute;t&eacute; multipli&eacute; par presque 7. "L'&eacute;pid&eacute;mie s'aggrave", s'est ainsi inqui&eacute;t&eacute; la semaine derni&egrave;re le minist&egrave;re de la Sant&eacute;.
La situation a pouss&eacute; lundi le pr&eacute;sident Guelleh, au pouvoir depuis 1999, &agrave; durcir le ton, reconnaissant que le confinement impos&eacute; depuis le 23 mars &eacute;tait loin d'&ecirc;tre respect&eacute; comme il conviendrait.
"Le confinement n&rsquo;est pas respect&eacute; par tous et malheureusement beaucoup de nos compatriotes prennent encore cette maladie &agrave; la l&eacute;g&egrave;re", a-t-il d&eacute;plor&eacute; dans un discours t&eacute;l&eacute;vis&eacute; &agrave; la Nation.
"Vous continuez &agrave; circuler, &agrave; ne pas observer les distances minimum, &agrave; ne pas vous isoler et &agrave; propager la maladie", a accus&eacute; le chef de l&rsquo;&Eacute;tat, mettant en garde contre le fait que "si la progression continue &agrave; ce rythme, nous allons bient&ocirc;t arriver &agrave; un stade o&ugrave; nous pourrions arriver &agrave; saturation".

- Les pi&eacute;tons pas contr&ocirc;l&eacute;s -

"Si les comportements ne changent toujours pas, je prendrai des mesures encore plus contraignantes", qui pourraient prendre la forme d'un "couvre-feu", a-t-il menac&eacute;.
Le gouvernement a ordonn&eacute; le confinement de toutes les personnes ne travaillant pas pour des services essentiels (douanes, ports, m&eacute;dias, &eacute;lectricit&eacute;, t&eacute;l&eacute;communications...).
Il a aussi ferm&eacute; les fronti&egrave;res, les &eacute;coles, les lieux de culte, les magasins &agrave; l'exception des &eacute;piceries, banques, pharmacies et stations-service, et interdit l'utilisation des transports collectifs.Ces mesures ont &eacute;t&eacute; prolong&eacute;es jusqu'au 28 avril.
Mais si la police et l'arm&eacute;e quadrillent les rues de la capitale, pour refouler les conducteurs ne disposant pas d'une autorisation de circuler, les pi&eacute;tons ne sont pas contr&ocirc;l&eacute;s et continuent &agrave; se d&eacute;placer en nombre, a constat&eacute; un journaliste de l'AFP.
La plupart des gens ne portent pas de masque, inconfortable dans la chaleur &eacute;touffante de Djibouti.Ceux d&eacute;pendant du secteur informel sont nombreux &agrave; marcher chaque jour sur des kilom&egrave;tres entre le quartier pauvre de Balbala et Djibouti-ville pour tenter de survivre.
Les taxis travaillent toujours, m&ecirc;me s'ils ne peuvent prendre plus d'un passager &agrave; la fois, et aucune mesure sanitaire n'entoure les march&eacute;s de fruits et l&eacute;gumes, ou les &eacute;choppes vendant du khat, selon la m&ecirc;me source.
Le gouvernement, conscient que les regards ext&eacute;rieurs se porteraient sur le pays, qui abrite des bases militaires &eacute;trang&egrave;res (France, &Eacute;tats-Unis, Chine...), a adopt&eacute; une approche douce, qui tranche avec sa gestion habituelle, estime l'expert Benedikt Kamski.&nbsp;

- 'Je n'&eacute;tais pas pr&ecirc;t' -

"Il y a une &eacute;norme diff&eacute;rence entre le gouvernement qui montre sa force toute l'ann&eacute;e en temps normal pour des raisons politiques ou &eacute;conomiques, et sa gestion actuelle de cette crise sanitaire mondiale", d&eacute;clare-t-il &agrave; l'AFP.
Dans un pays o&ugrave; le taux de ch&ocirc;mage avoisine les 50% et les trois quarts des gens vivent avec moins de trois dollars par jour, les autorit&eacute;s ont &eacute;t&eacute; critiqu&eacute;es pour avoir impos&eacute; le confinement soudainement, sans pr&eacute;parer de mesures d'accompagnement.
"On n'&eacute;tait pas pr&ecirc;t du tout, je n'&eacute;tais pas pr&ecirc;t car du jour au lendemain on nous annonce le confinement du pays", explique Ahmed, un chauffeur de bajaj (tricycle motoris&eacute;)."Pour les gens comme moi qui vivent du travail journalier, c'est difficile financi&egrave;rement."
"Mon travail (...) me permettait de subvenir quotidiennement au besoin de ma famille.Maintenant, je suis chez moi sans savoir quand tout va rentrer dans l'ordre", ajoute-t-il.
Le pr&eacute;sident Guelleh a annonc&eacute; la cr&eacute;ation d'un fonds d'urgence et de solidarit&eacute; d'un milliard de francs djiboutiens (5,2 millions d'euros), auquel il a promis de contribuer personnellement &agrave; hauteur de 10 millions de francs.
Des distributions de nourriture ont aussi &eacute;t&eacute; organis&eacute;es&nbsp;dans plusieurs quartiers pauvres, en faveur de milliers de familles, selon le gouvernement.Mais il est accus&eacute; de faire preuve de client&eacute;lisme et de tribalisme dans l'allocation de ces aides.
On lui reproche aussi sa gestion du foyer &eacute;pid&eacute;mique de l'h&ocirc;pital Al-Rahma, &agrave; Balbala, o&ugrave; plusieurs patients ont &eacute;t&eacute; contamin&eacute;s par deux m&eacute;decins &eacute;gyptiens r&eacute;cemment revenus &agrave; Djibouti.Certains d'entre eux ont ensuite &eacute;t&eacute; transf&eacute;r&eacute;s &agrave; Ali Sabieh (sud), infectant l&agrave; d'autres personnes.
Le ramadan s'annonce comme un d&eacute;fi suppl&eacute;mentaire pour les autorit&eacute;s, une partie de la population, tr&egrave;s croyante, voyant d'un mauvais &oelig;il la fermeture des mosqu&eacute;es et pr&eacute;f&eacute;rant s'en remettre &agrave; Dieu pour le coronavirus.

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