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Enfin de retour à Tripoli, Hicham Suleimane n'est plus qu'à quelques centaines de mètres de sa maison, mais il stoppe soudainement sa voiture pour terminer à pied.Sa hantise: "sauter" sur une mine semblable à celle qui a fauché un voisin.

A part le bruit de ses pas, le silence r&egrave;gne &agrave; Al-Khalla, en banlieue sud de la capitale libyenne, o&ugrave; une odeur de poudre flotte encore malgr&eacute; la fin des hostilit&eacute;s.
L'&eacute;tat du quartier t&eacute;moigne de la violence des affrontements, d&eacute;clench&eacute;s en avril 2019 par l'offensive sur Tripoli de Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen.
Ces combats opposant les pro-Haftar aux troupes du gouvernement d'union (GNA) reconnu par l'ONU se sont longtemps concentr&eacute;s sur le sud de la capitale, jusqu'&agrave; la r&eacute;cente d&eacute;faite des premiers.
Avec la fin des combats, Hicham peut enfin retrouver sa maison...&agrave; moiti&eacute; d&eacute;truite.Nul besoin en effet de pousser le portail du jardin pour entrer: il n'existe plus, manifestement souffl&eacute; par un obus.
Dans ces conditions, la joie de Hicham s'est vite transform&eacute;e en "cr&egrave;ve-c&oelig;ur".

- "Immense m&eacute;t&eacute;orite" -

"J'ai mis toutes mes &eacute;conomies et dix ans de ma vie pour b&acirc;tir cette maison", se d&eacute;sole cet enseignant&nbsp;quinquag&eacute;naire, tout en feuilletant un des rares livres qui n'a pas &eacute;t&eacute; br&ucirc;l&eacute; ou d&eacute;chir&eacute;.
Et "ce n'est pas seulement de voir ma maison d&eacute;truite, mais aussi mon quartier d&eacute;figur&eacute; (...).Comme si il avait &eacute;t&eacute; frapp&eacute; par une immense m&eacute;t&eacute;orite".
Car durant la bataille de Tripoli, Al-Khalla a constitu&eacute; un secteur strat&eacute;gique, &agrave; un carrefour entre Salaheddine, la route de l'a&eacute;roport et al-Sidra, qui ouvrent l'acc&egrave;s au centre de Tripoli.
Il fut l'un des premiers vid&eacute;s de ses habitants, lors de combats qui, en plus d'un an, ont fait des centaines de morts et quelque 200.000 d&eacute;plac&eacute;s.
Apr&egrave;s de longs mois d'absence, ces d&eacute;plac&eacute;s ne r&ecirc;vent d&eacute;sormais que d'une chose: pouvoir rentrer chez eux.
Mais ils doivent faire face &agrave; un danger sournois: des mines antipersonnel pos&eacute;es par les pro-Haftar dans les maisons, les jardins et les routes, selon le GNA.
"Tout recours aux mines terrestres interdites internationalement est inadmissible", a aussi d&eacute;nonc&eacute; d&egrave;s le 3 juin l'ONG Human Rights Watch (HRW).
Les forces pro-Haftar n'ont pas comment&eacute; les accusations.
Hicham, lui, marche vers son domicile, en connaissance de cause.
"Je prends le risque de r&eacute;am&eacute;nager une partie de la maison pour me lib&eacute;rer de loyers que je ne peux plus payer", dit-il.
Depuis le d&eacute;but du mois, ce sont plus de 30 personnes qui ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;es, et 60 bless&eacute;es, dans l'explosion de mines, essentiellement des civils, selon le minist&egrave;re de la sant&eacute; du GNA &agrave; Tripoli.

- "Ciblage d&eacute;lib&eacute;r&eacute;" -

Le 26 mai, la Mission des Nations unies en Libye (Manul) a "fermement condamn&eacute;" le recours aux mines antipersonnel, d&eacute;non&ccedil;ant "un ciblage d&eacute;lib&eacute;r&eacute;" des civils.
Des vid&eacute;os, qui n'ont pu &ecirc;tre authentifi&eacute;es, ont montr&eacute; sur les r&eacute;seaux sociaux des combattants pro-Haftar pr&eacute;parant des engins explosifs dans une maison du quartier de Salaheddine.
Selon le g&eacute;n&eacute;ral Ahmad Bayou, chef de l'&eacute;quipe de d&eacute;minage au minist&egrave;re de l'Int&eacute;rieur du GNA, ces troupes rivales ont recouru &agrave; une multitude de m&eacute;thodes pour les dissimuler.
Diff&eacute;rents t&eacute;moignages ont ainsi fait &eacute;tat de mines pos&eacute;es dans des chasses d'eau, des casseroles, des po&ecirc;les ou sous des briques.
Certaines victimes ont aussi &eacute;t&eacute; tu&eacute;es ou bless&eacute;es par des engins pos&eacute;s sur les routes, sur le chemin de leur domicile.
A la demande du GNA --dont les r&eacute;cents succ&egrave;s militaires ont &eacute;t&eacute; favoris&eacute;s par le soutien militaire d'Ankara--, une &eacute;quipe de d&eacute;minage turque est d&eacute;sormais &agrave; Tripoli.
D'apr&egrave;s le minist&egrave;re de l'Int&eacute;rieur du GNA, cinq hectares ont &agrave; ce jour &eacute;t&eacute; d&eacute;min&eacute;s entre Salaheddine et al-Sidra.
Mais "il est difficile de conna&icirc;tre l'&eacute;tendue exacte des zones au sud de Tripoli o&ugrave; des mines (...) ont &eacute;t&eacute; pos&eacute;es", rel&egrave;ve le g&eacute;n&eacute;ral Bayou.
En attendant d'y voir plus clair, les d&eacute;mineurs du GNA ont signal&eacute; les zones &agrave; risque avec des inscriptions sur les murs et des &eacute;criteaux.Et les autorit&eacute;s ont suspendu le retour des d&eacute;plac&eacute;s dans les zones qui n'ont pas &eacute;t&eacute; d&eacute;min&eacute;es.

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