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Mohammed VI, 20 ans de règne tiraillé entre continuité et modernité

Héritier discret d'un pouvoir absolu, Mohammed VI, qui fête mardi ses 20 ans de règne, incarne la continuité stricte de la monarchie marocaine tout en affichant une image d'homme moderne ouvert au changement.

La communication in&eacute;dite du 23e souverain de la dynastie alaouite a longtemps refl&eacute;t&eacute; cette dualit&eacute;, avec &agrave; la fois des photographies ultra-officielles en costume strict ou djellaba traditionnelle et des posts d&eacute;contract&eacute;s sur les r&eacute;seaux sociaux, aux c&ocirc;t&eacute;s d'artistes ou de quidams rencontr&eacute;s &agrave; l'&eacute;tranger.
Dans une r&eacute;gion agit&eacute;e de soubresauts politiques, son r&egrave;gne entam&eacute; le 23 juillet 1999 &agrave; la mort de son p&egrave;re, Hassan II, reste marqu&eacute; par une grande stabilit&eacute;, volontiers mise en avant pour convaincre pays alli&eacute;s, investisseurs et touristes.
Une politique s&eacute;curitaire muscl&eacute;e, ouvertement revendiqu&eacute;e au nom de la lutte antiterroriste apr&egrave;s les attentats de Casablanca (33 morts en 2003) et de Marrakech (17 morts en 2011), a perdur&eacute; sous son r&egrave;gne.
Et si ces derni&egrave;res ann&eacute;es les r&eacute;seaux sociaux ont fait bouger les lignes de la libert&eacute; d'expression, la presse traditionnelle, sous perfusion de l'Etat, reste &eacute;troitement surveill&eacute;e.
La r&eacute;forme constitutionnelle men&eacute;e en 2011, &agrave; l'&eacute;poque troubl&eacute;e du Printemps arabe, alors que des milliers de Marocains r&eacute;clament dans la rue plus de d&eacute;mocratie, a th&eacute;oriquement renforc&eacute; les pouvoirs du Premier ministre.
Dans les faits, le monarque a conserv&eacute; des pouvoirs ex&eacute;cutifs tr&egrave;s larges, avec la haute main sur les Affaires &eacute;trang&egrave;res, la D&eacute;fense, la s&eacute;curit&eacute; et les secteurs cl&eacute;s de l'&eacute;conomie.&nbsp;

- Grands chantiers -

Ainsi, le roi lance et inaugure les grands chantiers - le port de Tanger Med, l'immense centrale solaire Noor ou la nouvelle ligne de TGV.
Il impulse et pilote les orientations strat&eacute;giques du pays, comme l'ouverture tout azimut sur l'Afrique, avec la r&eacute;int&eacute;gration de l'Union africaine en 2017.
Sa diplomatie reste centr&eacute;e sur les efforts pour faire ent&eacute;riner le "plan d'autonomie" marocain du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole au statut non r&eacute;gl&eacute;.
Sur le plan social, des mouvements de protestation ont marqu&eacute; 2017 et 2018, notamment dans les r&eacute;gions d&eacute;favoris&eacute;es du Rif (nord) ou de Jerada (nord-est), avec des arrestations et des peines s&eacute;v&egrave;res de prison.Suit alors une grande r&eacute;flexion sur le mod&egrave;le de d&eacute;veloppement du pays.
"Le mod&egrave;le actuel ne permet plus de r&eacute;pondre aux demandes et besoins croissants des citoyens, ni de r&eacute;duire les in&eacute;galit&eacute;s sociales", constate un message royal en f&eacute;vrier 2018.
Une r&eacute;forme embl&eacute;matique reste, en 2004, l'adoption d'un code de la famille renfor&ccedil;ant le droit des femmes -sans toutefois r&eacute;pondre aux demandes des f&eacute;ministes.
Sur le plan religieux, en tant que "Commandeur des Croyants", Mohammed VI d&eacute;fend un islam tol&eacute;rant assurant la libert&eacute; de culte aux juifs et aux chr&eacute;tiens &eacute;trangers.&nbsp;

- Absences -

Quand il monte sur le tr&ocirc;ne, &agrave; 35 ans, le public sait peu de choses de celui qui a grandi dans l'ombre d'un p&egrave;re autoritaire qu'il appelait "Majest&eacute;".&nbsp;
Sa biographie officielle le pr&eacute;sente comme un homme "rompu aux lourdes t&acirc;ches depuis son jeune &acirc;ge" qui "pratique plusieurs activit&eacute;s sportives".
A ses d&eacute;buts, comme son p&egrave;re, celui que les Marocains surnomment "M6" multiplie les d&eacute;placements &agrave; travers son royaume, allant au contact des foules.
Mais il s&eacute;journe aussi r&eacute;guli&egrave;rement &agrave; l'&eacute;tranger, notamment en France o&ugrave; la famille royale poss&egrave;de des r&eacute;sidences et o&ugrave; il soigne ses probl&egrave;mes de sant&eacute; - il a subi une op&eacute;ration du coeur d&eacute;but 2018 li&eacute;e &agrave; un trouble du rythme cardiaque et une chirurgie pour une l&eacute;sion oculaire en 2017.
L'ann&eacute;e derni&egrave;re, ses fr&eacute;quentes absences ont suscit&eacute; des rumeurs sur les r&eacute;seaux sociaux o&ugrave;, chose in&eacute;dite, des voix ont critiqu&eacute; ses "choix politiques", son "train de vie" ou ses "longs s&eacute;jours" &agrave; l'&eacute;tranger.
Le roi a ensuite repris un rythme soutenu d'apparitions officielles et ses selfies se sont rar&eacute;fi&eacute;s sur les r&eacute;seaux sociaux.
En rupture avec la tradition, Mohammed VI s'est longtemps affich&eacute; avec la princesse Lalla Salma, une ing&eacute;nieure de la classe moyenne qu'il a &eacute;pous&eacute;e en 2002 lors d'un mariage tr&egrave;s m&eacute;diatis&eacute;.
La princesse a toutefois subitement disparu de la sc&egrave;ne officielle fin 2017, n'apparaissant plus sur les photographies familiales avec ses enfants Moulay Hassan, 16 ans, et Khadija, 12 ans.S'il n'y a jamais eu de communiqu&eacute; de divorce, les m&eacute;dias marocains parlent d&eacute;sormais de l'"ex-&eacute;pouse" du roi.
En 2014, le roi figurait dans le classement Forbes des hommes les plus riches du monde avec une fortune estim&eacute;e &agrave; plus de 2,5 milliards de dollars via la holding royale SNI rebaptis&eacute;e "Al-Mada" et transform&eacute;e en fonds d'investissement &agrave; capitaux priv&eacute;s.

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