Soldats soudanais "exécutés": Khartoum "déforme les faits", selon l'Ethiopie
L'Ethiopie a qualifié lundi de "déformation des faits" les affirmations du Soudan accusant l'armée éthiopienne d'avoir exécuté sept soldats et un civil soudanais à la frontière entre les deux pays, évoquant une "escarmouche" après "une incursion" sur son territoire.
27 juin 2022 à 18h51 par AFP
Khartoum a promis de riposter à cet "acte perfide" et dit son intention de rappeler son ambassadeur à Addis Abeba. Le gouvernement éthiopien "regrette les pertes en vies humaines découlant d'une escarmouche" sur laquelle "une enquête va être menée rapidement", indique le ministère éthiopien des Affaires étrangères dans un communiqué. "L'événement tragique" survenu le 22 juin "s'est déroulé à l'intérieur du territoire éthiopien après des incursions d'une unité de l'armée soudanaise soutenue par des éléments terroristes du TPLF", la rébellion de la région éthiopienne du Tigré en guerre avec Addis Abeba depuis novembre 2020, poursuit-il. Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed dénonce "la déformation des faits de la part des forces de défense soudanaises qui rejettent la faute sur l'Ethiopie, alors que c'est l'unité militaire soudanaise qui a provoqué l'incident en franchissant la frontière éthiopienne". Il y voit un "incident délibérément concocté pour miner les relations profondément enracinées entre les peuples d'Ethiopie et du Soudan" et demande à Khartoum "de se garder de toute escalade". Selon un responsable militaire soudanais, les soldats soudanais tués avaient été capturés dans une région frontalière proche d'Al-Fashaga, zone de terres fertiles contestée entre le Soudan et l'Ethiopie, située dans l'Etat de Gedaref (est soudanais) frontalier notamment du Tigré. Des accrochages, parfois mortels, se produisent régulièrement dans cette zone. Ils se sont intensifiés en 2020 avec la guerre entre le gouvernement éthiopien et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ce conflit frontalier alimente les tensions entre les deux pays qui ne sont jamais encore parvenus à trouver un accord sur le tracé de leur frontière. Khartoum et Addis Abeba s'opposent en outre depuis plus de 10 ans sur la question du Grand barrage de la Renaissance (Gerd) construit par l'Ethiopie sur le Nil.