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Tunisie: sit-in de boulangers privés par l'Etat de farine subventionnée

Environ 200 boulangers-pâtissiers tunisiens ont participé lundi à un sit-in pour dénoncer une décision de l'Etat privant ces artisans de farine subventionnée et menaçant l'existence-même de 1.500 commerces.

AFRICA RADIO

7 août 2023 à 16h51 par AFP

Après des déclarations du président Kais Saied dénonçant une spéculation sur la farine subventionnée, le ministère du Commerce a interdit le 1er août aux quelque 1.500 boulangeries "modernes" qui emploient environ 18.000 salariés d'en acheter. Peu après la révolution de 2011 en Tunisie, ces boulangeries, des magasins de commerce libre, avaient été autorisées à acheter un certain quota de farine subventionnée. "Nous faisons un sit-in parce qu'on nous interdit d'exercer notre activité ordinaire qui est la production de baguette", a dénoncé à l'AFP Mohamed Jamali, président du Groupement des boulangeries modernes. "Ces gens n'exercent plus leur activité depuis une semaine", a-t-il ajouté, entouré de manifestants avec des pancartes disant: "du pain, de la liberté, de la dignité nationale", "des milliers d'employés seront licenciés". A côté de la baguette subventionnée, les "boulangeries modernes" proposent d'autres types de pain et des pâtisseries, en partie fabriqués à partir de farine subventionnée, ce qui leur permet de pratiquer des prix attractifs. Depuis plusieurs mois, le réseau officiel des 3.737 boulangeries (appelées "points chauds") vendant la baguette ultra-subventionnée (à 190 millimes, 0,06 centimes d'euros) manque de farine, et des queues se forment dès l'aube devant leurs portes. Conscient d'un risque de colère populaire, le président Kais Saied a dénoncé le 27 juillet l'utilisation de farine subventionnée par les boulangeries "non classées" (non subventionnées). Pourtant, selon divers économistes consultés par l'AFP, cette "crise du pain" est en réalité liée à une insuffisance d'approvisionnement du marché en farine subventionnée par l'Etat, qui centralise tous les achats de produits de base. Très endetté (80% du PIB), celui-ci est à court de liquidités et les fournisseurs veulent être payés à l'avance, ce qui l'oblige à étaler ses approvisionnements, selon les experts.