Niger : le régime militaire installe un "Conseil consultatif" pour remplacer l’Assemblée nationale

Actus. À Niamey, les militaires au pouvoir ont officiellement installé un Conseil consultatif chargé d’émettre des avis, en lieu et place de l’Assemblée nationale dissoute après le coup d'État de 2023.

Niger : le régime militaire installe un "Conseil consultatif" pour remplacer l’Assemblée nationale
Créé par une ordonnance signée en avril par le général Abdourahamane Tiani (photo), chef du régime militaire, le CCR est composé de 194 membres civils et militaires - FB - Présidence de la République du Niger

Le régime militaire du Niger a franchi une nouvelle étape dans sa restructuration institutionnelle. Samedi 28 juin, à Niamey, un "Conseil consultatif de la Refondation" (CCR) a été officiellement installé, en remplacement de l’Assemblée nationale dissoute à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023. La cérémonie a été retransmise sur la télévision publique, signe de l’importance symbolique accordée à l’événement.

Créé par une ordonnance signée en avril par le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire, le CCR est composé de 194 membres civils et militaires, désignés par les huit régions du pays ou nommés directement par le pouvoir en place. Ces membres, appelés "conseillers", ne disposent d’aucun pouvoir législatif. Ils sont chargés de donner leur avis sur toute question relative à la vie nationale, et peuvent aussi formuler, de leur propre initiative, des propositions ou recommandations adressées au chef de l’État.

Des figures militaires et diplomatiques à l'inauguration

Lors de la cérémonie, le président du CCR, Mamoudou Harouna Djingarey — ancien haut fonctionnaire des Nations unies — a souligné les enjeux de cette mission dans une allocution solennelle. "La Refondation d'un pays est un exercice difficile parfois périlleux, mais toujours couronné de succès pour les peuples résilients", a-t-il déclaré. Le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, a appelé les conseillers à œuvrer exclusivement dans "l’intérêt supérieur du pays", dans un contexte marqué par une forte instabilité sécuritaire, notamment face aux groupes jihadistes actifs à l’ouest et au sud-est du pays.

La cérémonie d’installation a aussi été l’occasion d’afficher une solidarité régionale entre régimes militaires. Des délégations venues du Burkina Faso et du Mali — également dirigés par des juntes — étaient présentes, tout comme les présidents des Assemblées nationales du Ghana et du Tchad.

Une transition sous surveillance régionale et internationale

Le Niger, engagé dans une alliance militaire avec le Burkina Faso et le Mali sous la bannière de l’Alliance des États du Sahel (AES), tente de redessiner son architecture institutionnelle à sa manière. Dans ce cadre, les autorités nigériennes entendent renforcer le caractère consultatif du pouvoir, tout en marginalisant les institutions issues de l’ordre constitutionnel précédent.

En proie à des attaques jihadistes récurrentes depuis 2015, le pays participe avec ses alliés sahéliens à la création d’une force conjointe de 5 000 hommes. L’installation du CCR intervient donc dans une double logique : reprendre en main les rouages de l’État et afficher la légitimité d’un pouvoir confronté à de nombreuses contestations internes et pressions internationales.

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