C’est une candidature qui bouscule le paysage politique camerounais. Bello Bouba Maïgari, président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et ministre d’État en charge du Tourisme et des Loisirs, a officiellement annoncé samedi 28 juin sa candidature à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025. À 78 ans, cet ancien Premier ministre (1982-1983), longtemps considéré comme un allié stratégique de Paul Biya, prend ses distances avec le président nonagénaire.
"Après les délibérations et l’approbation du comité central, j’ai accepté d’être candidat à l’élection présidentielle", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Yaoundé, à l’issue d’une réunion extraordinaire de son parti. Cette décision intervient alors que la pression des militants de l’UNDP, désireux de rompre avec "la mal-gouvernance", la "corruption" et les "injustices criantes", s’était intensifiée ces derniers mois.
Une recomposition politique engagée au nord du pays
La candidature de Bello Bouba Maïgari intervient quelques jours seulement après celle d’Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de l’Emploi, qui a également quitté le gouvernement pour se présenter à la magistrature suprême. Tous deux originaires du nord du Cameroun — région qui représente environ 40 % du corps électoral —, ils pourraient redessiner les équilibres politiques dans cette zone historiquement favorable au parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
L’annonce de ces candidatures pourrait fragmenter l’électorat septentrional et affaiblir l’assise du pouvoir, d’autant que Paul Biya, 92 ans, n’a pas encore confirmé s’il briguerait un nouveau mandat. À l’approche du scrutin, cette recomposition politique oblige à une relecture stratégique, aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition.
Une candidature au goût de revanche politique
Déjà candidat en 1992 — il s’était alors classé troisième derrière Paul Biya et l’opposant anglophone John Fru Ndi —, Bello Bouba Maïgari avait ensuite rallié la majorité présidentielle en 1997. Depuis, il avait occupé plusieurs postes ministériels, tout en gardant un profil discret. Son retour en première ligne intervient dans un climat d’incertitude autour de la succession de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Bello Bouba rejoint une liste de plus en plus fournie de candidats déclarés, parmi lesquels figurent Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF) et Serge Espoir Matomba (PURS). Cette pluralité, combinée à la fragilité du consensus autour du RDPC, ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire électorale du Cameroun, qui pourrait marquer la fin d’une ère.
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