Ecoutez Christian Moleka
La décision est sans précédent dans l’histoire de la République démocratique du Congo. Mardi 30 septembre, la Haute Cour militaire de Kinshasa a condamné Joseph Kabila, ancien président congolais (2001-2019), à la peine de mort. Absent du procès entamé le 25 juillet, l’ex-chef d’État a été reconnu coupable de « crimes de guerre », « trahison » et « organisation d’un mouvement insurrectionnel » en lien avec le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), sa branche politique présumée.
Un mandat d’arrêt international ?
Pour Christian Moleka, coordinateur de la Dypol, la Dynamique des Politologues de la République démocratique du Congo, cette décision n’est pas une surprise « Le verdict était prévisible, mais on s’attendait à une confiscation de ses biens », explique-t-il. Selon lui, la condamnation à mort est le signe d’une volonté de marquer un coup politique et judiciaire. L’étape suivante pourrait être internationale. « Très probablement un mandat d’arrêt parce que les autorités judiciaires parlent d’arrestation immédiate », ajoute Christian Moleka. « Il s’agira forcément de mettre la pression sur les États qui vont l’accueillir. Si cette pression se maintient, cela va le pousser à revenir à Goma et assumer la tête du M23. »
Christian Moleka, coordinateur de la Dypol, la Dynamique des Politologues de la République démocratique du Congo.
Des conséquences sur la situation sécuritaire à l’est
Mais cette décision judiciaire pourrait aussi avoir des effets pervers sur le terrain. « Il y a un risque de radicalisation de ceux qui étaient modérés, et qui pourraient rejoindre le M23 », prévient l’analyste politique. Le mouvement armé pourrait exploiter ce jugement à son avantage « Le M23 peut utiliser ce jugement pour justifier son combat, en disant qu’il y a une réduction de l’espace politique en RDC, que si le gouvernement peut poursuivre avec tant d’aisance un ancien chef d’État, quel sera notre sort à nous ? Et que la seule issue est le recours aux armes. » déclare Christian Moleka.
La condamnation à mort du Pdt Joseph Kabila sous prétexte de son lien supposé avec l'AFC/M23 est une violation de la Déclaration des principes autant que la persistance des offensives armées du régime de Kinshasa. L'AFC/M23 ne s'est jamais trompé sur l'homme d'en-face et son jeu.
— Bertrand Bisimwa (@bbisimwa) September 30, 2025
RDC : l’ex-président Joseph Kabila condamné à mort pour trahison et crimes de guerre
Des conséquences pour le président Tshisekedi
Sur le plan politique, Christian Moleka estime que le président Félix Tshisekedi s’expose à des conséquences diplomatiques. « Félix Tshisekedi prend un risque majeur car il exclut un acteur politique important. Il réduit la possibilité d’avoir un dialogue inclusif », analyse-t-il. Et d’ajouter : « Au niveau de la sous-région, il pourrait perdre des alliés au sein de la SADC, qui trouvaient que Joseph Kabila était un sage, qui avait transféré démocratiquement le pouvoir. »
Cette condamnation, au-delà de sa portée judiciaire, ouvre donc une séquence pleine d’incertitudes pour la RDC. Entre le risque de polarisation interne, les tensions régionales et la possible réaction de la communauté internationale, le dossier Kabila pourrait bien continuer à peser lourdement sur la stabilité du pays.
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