Est de la RDC : des experts de l’ONU accusent l’armée rwandaise de graves exactions

Actus. Dans un rapport à paraître, un groupe d’experts de l’ONU affirme que le M23 et l’armée rwandaise ont commis exécutions sommaires, destructions de villages et déplacements massifs dans l’Est de la RDC. Ces conclusions interviennent alors que Kinshasa et Kigali viennent de signer à Washington un accord censé ramener la paix.

Est de la RDC : des experts de l’ONU accusent l’armée rwandaise de graves exactions
Des membres du M23 dans l'est de la RDC - Wikimedia commons

Exécutions, incendies de maisons et milliers de soldats rwandais déployés 

Le groupe armé M23 et les forces armées rwandaises (RDF) sont responsables d’exécutions sommaires, d’arrestations arbitraires et de déplacements massifs de civils dans l’Est de la République démocratique du Congo, affirment des experts des Nations unies dans leur rapport semestriel, consulté par l’AFP et attendu prochainement. 
Ces accusations surviennent alors que la RDC et le Rwanda ont entériné jeudi à Washington un accord présenté comme un pas décisif vers la résolution du conflit qui embrase depuis plus de 30 ans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à la frontière du Rwanda. 
Selon les experts, les RDF ont directement participé aux opérations du M23, officiellement menées contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé composé d’anciens responsables du génocide de 1994, réfugiés en RDC. Les soldats rwandais et les combattants du M23 auraient « systématiquement détruit et incendié » des habitations civiles appartenant à des membres supposés des FDLR, ciblant notamment des civils hutu jugés proches de ces groupes.

L’ONU estime qu’entre 6.000 et 7.000 militaires rwandais — soit au moins deux brigades et deux bataillons de forces spéciales — sont toujours présents dans les deux provinces congolaises. Kigali comme le M23 continuent pourtant de nier tout lien officiel. 

Le M23, principal auteur des violations documentées par l’ONU 

Début août, les Nations unies avaient déjà accusé le M23 d’avoir tué 319 civils dans le Nord-Kivu, principalement autour de la frontière rwandaise et du parc des Virunga. Le nouveau rapport confirme l’ampleur des exactions : entre avril et octobre, le M23 est considéré comme le « principal auteur » des violations des droits humains en RDC, responsable notamment de 45 % des exécutions sommaires recensées. 
Les experts dénoncent également une campagne de « recrutement forcé systématique » menée par le groupe dans toutes les zones qu’il contrôle, alors que le M23 affirme vouloir renverser le président Félix Tshisekedi. 
Le gouvernement congolais n’est pas épargné : malgré ses engagements pris dans l’accord de Washington, Kinshasa « a continué à coopérer avec le FDLR », assurent les auteurs du rapport. 

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Ces conclusions viennent raviver les tensions dans une région déjà marquée par les déplacements massifs de populations, la militarisation croissante et l’enlisement diplomatique. Alors que le M23 contrôle désormais de vastes territoires et la ville stratégique de Goma, l’Est de la RDC reste au cœur d’un conflit régional aux ramifications profondes et persistantes. 
 

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