Dans un entretien accordé à Africa Radio, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, revient sur les récentes discussions entre la RDC et le Rwanda à Washington, l’ouverture au dialogue du président Tshisekedi, les négociations avec le M23 à Doha, ainsi que la rencontre de Joseph Kabila avec des opposants à Nairobi. Il précise la position officielle du gouvernement congolais face à ces enjeux sécuritaires et politiques majeurs.
Patrick Muyaya : "Joseph Kabila est un homme du passé"
Washington, Doha, Kigali : diplomatie sous tension
Revenant sur les discussions sécuritaires tenues les 21 et 22 octobre à Washington avec la délégation rwandaise, Patrick Muyaya rappelle que ces échanges s’inscrivent dans la continuité du processus de Luanda, piloté par l’Union africaine.
« À la suite des discussions en septembre dernier à Washington, on avait convenu de faire un ordre opérationnel pour permettre l’exécution du CONOPS, le plan opérationnel convenu à Luanda, qui devait consister d’une part au désengagement des forces rwandaises et d’autre part à la lutte contre les opérations des FDLR », explique le ministre.
Alors que les relations diplomatiques entre Kinshasa et Kigali sont au plus bas, le président Félix Tshisekedi a récemment tendu la main à Paul Kagame en appelant à un dialogue direct. Une initiative que Patrick Muyaya qualifie de cohérente et fidèle à la ligne politique du chef de l’État :
« Le président de la République est resté cohérent. Souvenez-vous qu’en 2019, il a été de ceux qui ont permis aux présidents Museveni et Kagame de se réconcilier. À son arrivée au pouvoir, il a fait le choix courageux, y compris contre une partie de l’opinion publique, d’adhérer à la Communauté d’Afrique de l’Est et de normaliser les relations avec le Rwanda. Mais c’était sans compter sur les mauvaises habitudes du Rwanda. Nous, nous voulons la paix. » À Doha, un mécanisme de suivi du cessez-le-feu a été conclu récemment entre le gouvernement congolais et le M23. Mais pour Kinshasa, pas question d’ambiguïté :
« Nous sommes dans une dynamique où nous voulons aller vers la paix. Faire la paix signifie des concessions. Nous avons fait notre part. Mais le M23 reste un mouvement terroriste."
Les délégués de la République Démocratique du Congo et l’Alliance Fleuve Congo/M23 ont procédé, ce mardi 14 octobre 2025, à la signature du Mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, sous la facilitation du Qatar.
— Ministère de la Communication et Médias/RDC (@Com_mediasRDC) October 14, 2025
Ce mécanisme comprend des représentants de la… pic.twitter.com/sbQCl0mNFF
Réunion de Nairobi : Patrick Muyaya charge Joseph Kabila
L’actualité politique interne a été secouée par la réunion organisée à Nairobi par l’ancien président Joseph Kabila avec plusieurs figures de l’opposition. Pour Patrick Muyaya, cet événement n’inquiète pas le gouvernement :
« Il n’y a pas de menace politique, dès lors que nous savons que le président Kabila est un homme du passé. Il a lui-même enfreint les règles contenues dans la loi de juillet 2018 sur le statut d’ancien chef de l’État. Vous avez vu sa présence à Goma, à Bukavu, sa connivence avec ceux qui tuent. C’est un homme du passé qui a réuni à Nairobi des personnes condamnées, des fugitifs, avec un point commun : une haine du président Tshisekedi. »
A lire aussi : RDC : "Joseph Kabila peut aller, quand il veut, à Goma”, estime Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du parti de l’ex-président
Interrogé sur la possibilité d’une arrestation de Joseph Kabila s’il rentrait en RDC, Patrick Muyaya répond prudemment mais fermement : « Du point de vue judiciaire, il a été condamné et je crois que des conséquences pourront être tirées dans l’hypothèse où il revenait. »
À la question directe “S’il rentre, sera-t-il arrêté ?”, il conclut :
« Conséquence logique de la décision judiciaire. »
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