Malgré les accords de paix et les discussions en cours entre le gouvernement congolais et le M23, les hostilités se poursuivent dans l’est de la RDC. Au vu de l'évolution de la situation, qui perdure depuis près de trente ans, croyez-vous encore en la paix ?
Moi, je crois profondément à la paix. Ce qui arrive au Congo aujourd’hui, j’en ai la certitude, changera demain. Le peuple congolais a vocation à vivre heureux. Nous recevons des informations selon lesquelles, à l’Est, aussi bien du côté de la rébellion que de celui du gouvernement, chacun s’active à renforcer ses capacités. Mais nous espérons en même temps que cette préparation vise à aller au dialogue dans de meilleures conditions.
Croyez-vous encore en la réconciliation par la voie diplomatique, à travers vos différentes interventions ? Vous vous étonnez, d’ailleurs, que la communauté internationale ne parvienne toujours pas à résoudre cette crise.
Aujourd’hui, sur la scène internationale, on a l’impression que la diplomatie a presque échoué sur de nombreux fronts. Mais quoi qu’il en soit, rien ne peut remplacer le dialogue. Quelle que soit l’intensité d’un conflit ou d’une guerre, on finira toujours par se parler.
Nous pensons également que, dans le cas du Congo et de la sous-région, seul un dialogue franc, sincère, global et inclusif pourra apporter une paix véritable.
Donald Trump, le président américain, se vante notamment d’avoir résolu six conflits en six mois, dont celui entre la RDC et le Rwanda. Comment interprétez-vous cette déclaration ?
Nous sommes un peu surpris, car nous sommes au Congo. Nous n’avons pas constaté le retrait de l’armée rwandaise du pays, ni la pacification entre le gouvernement de Kinshasa et l’Est du pays occupé par le M23. Alors, nous nous posons des questions : mais de quelle paix parle le président Trump ?
Vous êtes membre de la CENCO, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo. Avec d’autres représentants religieux, vous avez récemment rédigé une feuille de route pour la recherche de solutions face à la persistance des conflits armés dans l’Est du pays. Vous plaidez également depuis de longs mois en faveur d’un dialogue national, mais le président congolais, Félix Tshisekedi, souhaite un dialogue national qui serait uniquement de son initiative. Regrettez-vous sa position ?
Le président est dans son rôle de chef d’État. En tant que président, il y a des réalités et des informations qu’il connaît et que nous ne connaissons pas. Mais nous sommes également dans notre rôle de pasteurs, de promoteurs de la paix, avec le souci constant pour notre peuple.
Je crois qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre ces deux positions, car nous sommes convaincus qu’à la fin, nous finirons toujours par nous retrouver autour d’une table pour construire l’avenir du Congo et celui de la sous-région.
Vous dites qu’il est dans son rôle. Mais ne vous attendiez-vous pas tout de même à être écouté ? Est-ce que vous vous sentez écouté par le président congolais ?
Peut-être pas autant que nous l’aurions souhaité, car à plusieurs reprises, nous avons sollicité des rendez-vous. C’est avec peine qu’on nous accorde des audiences, mais nous faisons avec. L’essentiel est que notre message et notre bonne disposition à accompagner notre peuple vers la paix parviennent à ses oreilles.
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