La crise annoncée en Guinée-Bissau a basculé mercredi 26 novembre dans un nouveau degré de gravité. Le président sortant Umaro Sissoco Embaló a été arrêté par des militaires, a confirmé un responsable à l’AFP, précisant qu’il était « bien traité ». Quelques heures plus tôt, des tirs nourris avaient été entendus aux abords du palais présidentiel à Bissau, avant que des soldats ne prennent position sur la principale artère menant au siège du pouvoir.
Dans ce pays marqué par quatre coups d’État depuis 1974, l’armée a annoncé avoir pris le « contrôle total » de l’État et suspendu l’ensemble du processus électoral, alors que les résultats de la présidentielle et des législatives étaient attendus jeudi.
L’armée assume la direction du pays
Assis derrière une table, entouré d’hommes armés, le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, a annoncé la création d’un « Haut commandement pour la restauration de l’ordre ». Cette instance, qui regrouperait toutes les branches de l’armée, « prend la direction du pays jusqu’à nouvel ordre ».
Selon le général, cette intervention vise à « garantir la sécurité nationale » face à un « plan de déstabilisation » impliquant des « barons de la drogue » et l’introduction d’armes dans le pays pour « changer l’ordre constitutionnel ».
Frontières fermées et couvre-feu
Le nouveau commandement militaire a immédiatement décrété la fermeture de toutes les frontières — terrestres, aériennes et maritimes — ainsi qu’un couvre-feu obligatoire. Il a appelé la population au calme.
À Bissau, la tension reste palpable : rues quasi désertes en fin d’après-midi, habitants fuyant la zone présidentielle à la mi-journée, et tirs entendus à plusieurs reprises. Des arrestations ont été confirmées par un officier supérieur.
Le président Embaló se trouverait désormais dans un bâtiment situé derrière l’état-major, « avec le chef d’état-major et le ministre de l’Intérieur », selon la même source.
Une élection déjà contestée
La Commission nationale des élections a été prise pour cible par des hommes armés non identifiés. Mardi encore, avant ce basculement militaire, les camps d’Embaló et du candidat de l’opposition Fernando Dias da Costa revendiquaient chacun la victoire au premier tour.
Le scrutin, organisé sans le PAIGC — parti historique écarté pour dépôt tardif — devait être suivi d’un verdict jeudi, avec une issue déjà annoncée comme sensible dans ce pays habitué aux crises post-électorales.
Un pays coincé entre pauvreté et instabilité
Près de 40 % des Bissau-Guinéens vivent sous le seuil de pauvreté. Le pays, miné par les luttes de pouvoir, est régulièrement décrit comme une plaque tournante du trafic de drogue entre Amérique du Sud et Europe, une réalité nourrie par l’absence d’État solide et les rivalités internes.
Avec l’arrestation du président et la mise sous tutelle de l’armée, la Guinée-Bissau ouvre une nouvelle séquence d’incertitude majeure — la plus explosive depuis des années.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.