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Afrique du Sud. Albert Luthuli, leader de l’ANC et prix Nobel de la Paix, tué par la police selon un tribunal sud-africain

Actus. Un tribunal sud-africain a conclu ce jeudi 30 octobre que la mort d’Albert Luthuli, ancien dirigeant de l’ANC et prix Nobel de la Paix, n’était pas un accident ferroviaire comme annoncé en 1967, mais le résultat d’une agression orchestrée par la police du régime d’apartheid. Ce jugement met fin à plus de cinquante ans de controverses et est salué comme une reconnaissance officielle des violences politiques commises durant l’apartheid.

Afrique du Sud. Albert Luthuli, leader de l’ANC et prix Nobel de la Paix, tué par la police selon un tribunal sud-africain
Albert Luthuli, ancien dirigeant de l’ANC et prix Nobel de la Paix en 1960. - Wikipédia

Albert Luthuli est décédé le 21 juillet 1967, officiellement percuté par un train alors qu'il marchait le long d'une voie ferrée, une thèse que ses proches et partisans mettaient en doute.

Le tribunal de grande instance de Pietermaritzburg (est) a conclu que le décès du leader du Congrès national africain était attribuable à "une agression par des membres de la branche spéciale de sécurité de la police sud-africaine (...) agissant de concert et dans un but commun avec des employés de la compagnie ferroviaire sud-africaine", selon le jugement rendu ce jeudi 30 octobre.

L'enquête sur les causes de sa mort avait été rouverte en avril, dans un contexte de réexamen des disparitions et violences politiques commises durant le régime ségrégationniste qui a pris fin au début des années 1990. "Quant à la cause ou la cause probable de la mort, il est constaté que la victime est décédée des suites d'une fracture de la boîte crânienne, d'une hémorragie cérébrale et d'une commotion cérébrale attribuables à une agression", a déclaré la magistrate Nompumelelo Hadebe.

Cette dernière a ainsi écarté les conclusions de l'enquête de 1967 et a cité les noms de sept hommes, dont le tribunal n'a pas retrouvé la trace, comme ayant perpétré le meurtre ou ayant agi comme complices. Parmi eux figurent un conducteur de locomotive, un pompier, un chef de gare et deux membres de la police ferroviaire. Albert Luthuli a dirigé l'ANC de 1952 jusqu'à sa mort, une période au cours de laquelle le régime d'apartheid a interdit le mouvement en 1960.

"C'est une victoire morale" 

Lors de la cérémonie d'acceptation de son prix Nobel en 1961 à Oslo, Luthuli avait prononcé un fervent plaidoyer pour la non-violence. L'ANC a salué jeudi "un jugement historique" qui vient "corriger une distorsion ancienne de l'histoire" en reconnaissant que Luthuli avait bien été "victime d'un meurtre approuvé par l'État".

"C'est une victoire morale non seulement pour sa famille mais aussi pour tous les martyrs de notre lutte dont les vies ont été prises par le régime cruel de l'apartheid", poursuit le parti.

Le petit-fils du prix Nobel, Sandile Luthuli, a indiqué que la famille était "transportée de joie" par le jugement, dans une interview à la télévision local EWN. "L'équipe du parquet a montré avec beaucoup de précision l'institutionnalisation de l'apartheid et le rôle joué par ces institutions dans la dissimulation du meurtre d'Albert Luthuli", a-t-il déclaré à la sortie de l'audience.

Le parquet national a annoncé en avril la réouverture d'enquêtes sur les décès de Luthuli et d'un autre militant anti-apartheid, l'avocat Mlungisi Griffiths Mxenge, dans "un effort pour remédier aux atrocités du passé".

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