“Transformer la lutte contre la corruption en justice sociale” : Jean-Jacques Lumumba appelle à une nouvelle ère de restitutions pour l’Afrique

Actus. Jean-Jacques Lumumba est lanceur d’alerte congolais, président du Collectif Restitutions pour l’Afrique. Il était l’invité d’Africa Radio lundi 15 décembre 2025 à 07h45.

 “Transformer la lutte contre la corruption en justice sociale” : Jean-Jacques Lumumba appelle à une nouvelle ère de restitutions pour l’Afrique
Jean-Jacques Lumumba

Réunis à Paris le 8 décembre à l’initiative du Collectif Restitutions pour l’Afrique, experts, juristes, ONG et lanceurs d’alerte ont débattu des voies possibles pour restituer aux populations africaines les richesses perdues à cause de la corruption et des flux financiers illicites. Le lanceur d’alerte congolais Jean-Jacques Lumumba, président du collectif, insiste sur la nécessité d’un changement de paradigme. 

Ecoutez Jean-Jacques Lumumba


“Lancer un débat de fond” : le rôle central du Collectif Restitutions pour l’Afrique 

Pour Jean-Jacques Lumumba, cette conférence constituait une étape fondatrice. 
“Il était très important de parler de cette conférence (…) pour parler de ce que le collectif Restitutions pour l’Afrique fait”, explique-t-il. Réunir juristes, activistes, lanceurs d’alerte, responsables politiques et membres de l’ONU visait, selon lui, à ouvrir un chantier collectif sur les mécanismes de restitution et de réparation.

“C’est une première d’une très longue série.” 

Le Collectif RAF entend aborder la restitution dans un sens large, au-delà des seuls flux financiers illicites. “Quand on parle de restitution, on voit réparations (…) on va partir de tous les domaines dans lesquels le continent africain a été lésé.” Jean-Jacques Lumumba insiste sur la dimension morale et historique du processus : “Oui, il y a la notion de justice dedans, mais en filigrane, nous voyons plus le côté réparation des préjudices subis.” 

Des “biens mal acquis inversés” pour cibler les corrupteurs 

Au cœur des discussions, une notion émergente : celle des biens mal acquis inversés. Jean-Jacques Lumumba explique : “Lorsqu’on s’attaque à la corruption, on a tendance à évoquer les corrompus, mais on voit très peu les corrupteurs, et les gains qu’ils ont bénéficié sur les produits de leurs activités illicites.” 
Pour lui, il s’agit désormais de s’attaquer à l’autre versant de la chaîne de corruption : “Dans la notion de biens mal acquis inversés, on voudrait s’attaquer à ces corrupteurs, et voir dans quelle mesure les populations lésées (…) peuvent bénéficier de la restitution de leurs avoirs.” 
Un changement de perspective qui vise à replacer les victimes au centre du dispositif et à adosser la lutte anticorruption à une politique de réparation. 

A lire aussi et écouter : Six millions d'euros budgétés pour la restitution de "biens mal acquis"

“On ne peut pas lutter contre la corruption sans protéger les lanceurs d’alerte” 

Le combat est également personnel pour Jean-Jacques Lumumba, contraint à l’exil pendant huit ans après avoir dénoncé des scandales financiers en République démocratique du Congo. “Il n’y a que la loi qui peut protéger les lanceurs d’alerte, parce qu’ils sont exposés à des emprisonnements, à des assassinats.” 
Il rappelle que la RDC ne dispose toujours pas de cadre législatif protecteur : “Certains sont condamnés à mort dans mon pays. La lutte contre la corruption ne mérite pas une condamnation à mort.” 
D’où la nécessité, selon lui, d’un cadre juridique clair et robuste, en Afrique comme ailleurs : “Il doit y avoir des lois de protection des lanceurs d’alerte (…) on ne peut pas lutter contre la corruption sans des lanceurs d’alerte.” 



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