Une mobilisation qui s’inscrit dans la durée
Entre 300 et 400 personnes ont répondu à l’appel d’associations et de partis d’opposition pour marcher, pour le quatrième samedi consécutif, dans le centre de Tunis. « Liberté pour les prisonniers », « Libertés, libertés, l’État policier c’est terminé », ont scandé les manifestants, visant directement le président Kaïs Saïed, accusé par ses détracteurs de confisquer le pouvoir depuis son coup de force de juillet 2021.
Depuis cette date, marquée par le limogeage du Premier ministre, le gel du Parlement puis l’octroi des pleins pouvoirs au chef de l’État, de nombreuses ONG tunisiennes et internationales alertent sur une régression des droits et libertés dans un pays considéré comme le berceau du Printemps arabe de 2011.
Dans la manifestation de Tunis, aujourd'hui, les panneaux affichés et les slogans montrent à quel point la #Tunisie est devenue une grande prison. Crédit @nawaat#تونس pic.twitter.com/Bqoe2Yeykl
— Gargabil (@Gargabil) December 13, 2025
Des figures de l’opposition derrière les barreaux
La mobilisation a été marquée par la présence de nombreuses pancartes à l’effigie de figures de l’opposition récemment condamnées ou incarcérées. Parmi elles, Ahmed Néjib Chebbi, l’avocat Ayachi Hamami ou encore la poétesse Chaima Issa, arrêtés fin novembre après leur condamnation définitive pour « complot contre la sûreté de l’État » dans un vaste procès visant une quarantaine de personnalités.
D’autres manifestants brandissaient la photo d’Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL) et figure majeure de l’opposition de droite, condamnée vendredi à 12 ans de prison pour « attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ».
« Les libertés fondamentales, individuelles et publiques sont totalement bafouées par une nouvelle dictature dirigée par Kaïs Saïed », a dénoncé auprès de l’AFP Hamma Hammami, chef du Parti des travailleurs. « De nouveau, les portes des prisons se sont ouvertes pour les opposants à ce régime », a-t-il ajouté.
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Une opposition qui cherche l’unité
La manifestation était organisée notamment par la Ligue tunisienne des droits de l’homme, l’Association des femmes démocrates, l’Ordre des avocats et plusieurs partis politiques, sous le slogan « les chaînes se briseront », emprunté à l’hymne national tunisien. Des slogans hostiles au pouvoir, tels que « Dégage, dégage » ou « Remplissez les prisons, ô justice aux ordres », ont résonné dans les rues de la capitale.
Pour Wissem Sghaier, porte-parole du parti centriste Al Jomhouri, la politique répressive du président a paradoxalement contribué à rapprocher des camps longtemps opposés. « En arrêtant des personnes de tous les groupes politiques et culturels, Kaïs Saïed a poussé l’opposition de droite, de gauche et la société civile à l’unité des luttes et à la suppression des barrières entre ces forces », a-t-il estimé.
Les organisateurs ont affirmé leur intention de poursuivre la mobilisation, assurant vouloir maintenir la pression « jusqu’à la chute du régime » et la restauration des libertés publiques en Tunisie.
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