Une grève de la faim critique et des hospitalisations à répétition
L’opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, 57 ans, figure de la coalition d’opposition FSN, a été hospitalisé mardi pour la cinquième fois depuis le début de sa grève de la faim “sauvage” entamée il y a trois semaines. Son état est jugé très préoccupant par ses proches, alors qu’il ne consommerait que de l’eau, “sans sucre ni nutriments”, selon sa sœur et avocate Dalila Msaddek.
Ses avocats ont pu lui rendre visite mercredi en prison et ont confirmé ce nouveau transfert à l’hôpital de Nabeul avant son retour en cellule. Sa famille tente en vain de le convaincre d’interrompre son mouvement de protestation. Condamné en avril à 18 ans de prison pour “complot contre la sûreté de l'État” et “adhésion à un groupe terroriste”, l’opposant attend toujours la tenue de son procès en appel, reporté à jeudi prochain aux côtés d’une quarantaine d’autres personnalités.
Transféré pour la cinquième fois à l'hôpital, Jaouhar Ben Mbarek refuse d'interrompre sa grève - Business News https://t.co/8GySE1IUKY
— BusinessNews.com.tn (@BusinessNews_tn) November 19, 2025
Violences dénoncées en détention et réactions politiques
La semaine dernière, la famille et la défense de Ben Mbarek ont accusé des gardiens et des détenus de l’avoir violenté pour tenter de le forcer à s’alimenter, affirmant qu’il avait été frappé jusqu’à perdre connaissance. Une plainte pour “actes de torture” a été déposée, tandis que la direction des prisons a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative. En signe de solidarité, plusieurs personnalités politiques incarcérées observaient elles aussi une grève de la faim, dont Issam Chebbi et le leader du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, 84 ans. Issam Chebbi y a cependant mis fin mercredi.
A lire aussi : Tunisie : la famille de l’opposant Jawhar Ben Mbarek dénonce des « violences » et des « actes de torture » en prison
La ministre de la Justice, Leila Jaffel, a rejeté les accusations, assurant devant le Parlement que “personne n’est en grève de la faim sauvage” et affirmant que les détenus “mangent en cachette”. Ces déclarations ont suscité l’indignation des proches de Ben Mbarek et de plusieurs ONG tunisiennes et internationales.
Inquiétudes croissantes sur l’état des libertés en Tunisie
Depuis la prise de plein pouvoir du président Kais Saied en juillet 2021, de nombreuses organisations locales et étrangères alertent sur un recul marqué des droits et libertés fondamentaux en Tunisie. L’affaire Ben Mbarek, figure emblématique de l’opposition, illustre selon elles une dérive autoritaire et un durcissement de la répression contre les voix critiques. Alors que son état de santé se fragilise dangereusement, la situation de Jawhar Ben Mbarek devient un symbole de la crise politique et judiciaire que traverse le pays.
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