Des dizaines de morts et des milliers d’arrestations
Depuis la fin octobre, le Cameroun est secoué par une série de manifestations post-électorales dans plusieurs grandes villes, après la réélection du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.
Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a reconnu la mort de “plusieurs dizaines” de personnes, sans toutefois donner de bilan précis. Dans son communiqué publié mercredi, Human Rights Watch (HRW) dénonce une “répression meurtrière” : “Certaines manifestations ont été violentes (...). Les forces de sécurité ont répliqué par l’usage de la force létale”, écrit l’organisation.
Selon HRW, jusqu’à 2.000 personnes, dont des mineurs, auraient été arrêtées, un chiffre bien supérieur aux “plusieurs centaines” évoquées par les autorités.
#Cameroon: Killings, Mass Arrests After Elections
— ilaria allegrozzi (@ilariallegro) November 12, 2025
On Oct 27, a 44-year-old plumber in Douala was shot in the stomach while the police were dispersing protesters with live ammunition. “He died on his way to the hospital,” his brother said, @hrw.https://t.co/j6n337uS8P
“Un nuage noir sur l’élection”
Les manifestations ont été lancées à l’appel du candidat Issa Tchiroma, ancien ministre passé à l’opposition, qui s’est autoproclamé vainqueur du scrutin et a appelé la population à “défendre sa victoire”. Pour Ilaria Allegrozzi, chercheuse à HRW, la réaction du pouvoir révèle la dérive autoritaire du régime : “La répression violente contre les manifestants et les citoyens ordinaires à travers le Cameroun met à nu une répression de plus en plus profonde qui jette un nuage noir sur l’élection.”
HRW rapporte également que certains détenus ont été placés dans des centres où l’organisation a documenté des cas de torture.
J’en appelle au sens des responsabilités des uns et des autres. Je m’adresse à tous ceux qui s’emploient à attiser la haine et la violence dans notre pays, notamment à certains de nos compatriotes de la diaspora.#Biya2025 #PaulBiya #Cameroun pic.twitter.com/CZARQqfGMw
— President Paul BIYA (@PR_Paul_BIYA) November 12, 2025
Un pouvoir verrouillé depuis plus de quarante ans
Âgé de 92 ans, Paul Biya dirige le Cameroun sans partage depuis plus de quatre décennies. En 2008, il a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, ouvrant la voie à sa longévité politique. Human Rights Watch dénonce dans ce contexte “un espace civique bouclé”, marqué par de sévères restrictions des libertés d’expression, de réunion et d’association. L’ONG appelle les autorités à libérer immédiatement les personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement et à garantir le respect du droit à un procès équitable pour tous les détenus.
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