Emmanuel Macron entame une tournée africaine par l’île Maurice pour relancer l’influence française

Un déplacement stratégique au cœur de l’océan Indien 

Emmanuel Macron est attendu jeudi à Port-Louis, capitale de l’île Maurice, première étape d’un déplacement de cinq jours qui le conduira ensuite en Afrique du Sud, au Gabon et en Angola. Avec un PIB par habitant dépassant les 10.000 dollars, selon la Banque mondiale, l’archipel mauricien est présenté par l’Élysée comme une “success story” régionale, passée en quelques décennies d’une économie centrée sur la canne à sucre à une diversification réussie vers le tourisme et les services financiers. 

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Cette visite – la première d’un président français depuis celle de François Mitterrand en 1993 – vise à réchauffer une relation politique jugée distendue. Elle intervient dans un contexte régional tendu, alors que le récent coup d’État à Madagascar a ravivé le ressentiment contre la France, accusée par certains d’ingérence après l’exfiltration de l’ex-président Andry Rajoelina. L’île Maurice, ancienne colonie française puis britannique devenue indépendante en 1968, demeure fortement francophone et accueille une importante communauté française de près de 15.000 résidents. 

Sécurité maritime, énergie et climat : des partenariats renforcés 

En se rendant vendredi à bord du Champlain, bâtiment de la Marine nationale engagé dans des opérations de surveillance conjointes avec les gardes-côtes mauriciens, Emmanuel Macron souhaite rappeler la volonté française de rester un acteur clé de la sécurité maritime dans l’océan Indien. La zone est confrontée à une recrudescence de trafics de drogue, de pêche illégale et de migrations irrégulières. 
L’Agence Française de Développement (AFD) devrait profiter de l'étape mauricienne pour signer plusieurs accords destinés à moderniser le réseau électrique et sécuriser les infrastructures du pays face aux chocs climatiques croissants. L’eau et l’énergie constituent désormais deux axes majeurs de la coopération franco-mauricienne. 

Une tournée africaine sous le signe du “gagnant-gagnant” 

Après Maurice, Emmanuel Macron rejoindra Johannesburg pour assister au sommet du G20, puis se rendra au Gabon pour une rencontre avec le président Brice Clotaire Oligui Nguema, deux ans après un coup d’État qui a mis fin à plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo. Le périple s’achèvera en Angola lors d’un sommet Union africaine–Union européenne. 

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À chaque étape, le président entend promouvoir une politique africaine centrée sur l’investissement économique et les partenariats équilibrés. Les entreprises françaises espèrent notamment contribuer à la diversification de l’économie gabonaise, encore très dépendante du pétrole. En Afrique du Sud, Emmanuel Macron donnera également le coup d’envoi d’un conseil d’affaires franco-sud-africain, inspiré de celui déjà en place au Nigeria. 

Une politique africaine en quête d’efficacité 

Malgré son discours de rupture prononcé à Ouagadougou en 2017 et son ambition de s’éloigner de la “Françafrique”, la stratégie du président peine à convaincre. Ses initiatives destinées à renforcer le dialogue avec la jeunesse africaine, ou sa volonté de s’ouvrir davantage aux pays anglophones, sont parfois perçues comme une mise à l’écart des partenaires francophones historiques. 

Le départ des forces françaises du Sahel, sur fond de montée du sentiment antifrançais, a également fragilisé l’image de Paris sur le continent. Parallèlement, la part du commerce franco-africain décline, alors que les influences chinoise, russe et indienne progressent rapidement. 
En misant sur l’océan Indien et l’Afrique australe, Emmanuel Macron espère ouvrir un nouveau chapitre d’une relation franco-africaine à réinventer. Reste à savoir si cette tournée donnera un nouvel élan durable à une stratégie encore en quête de résultats tangibles.