Les insurgés libyens accentuent la pression sur le régime de Mouammar Kadhafi en multipliant les fronts et en cherchant à prendre le contrôle de portions de routes approvisionnant Tripoli, où le chef de la rébellion dit redouter un massacre.
Les insurgés ont ouvert depuis mercredi trois nouveaux fronts, l'un à Ajaylat, dans l'Ouest, l'autre dans l'Est à Al-Hicha, à mi-distance entre Misrata et Syrte, la ville natale du colonel Mouammar Kadhafi, et un troisième à Morzuk, dans le Sud-Ouest saharien.
Par ailleurs, des combats étaient toujours en cours notamment à Brega, dans l'Est et à Zawiyah, à une quarantaine de km à l'ouest de Tripoli.
Lesrebelles "ont pris le contrôle de la raffinerie" de Zawiyah ainsi que des zones résidentielles alentour mercredi soir, a annoncé un commandant sur le terrain.
Mardi soir, un correspondant de l'AFP avait constaté que les insurgés tenaient la majeure partie du site pétrolier, tentant de déloger les derniers soldats de la raffinerie, la seule de l'Ouest libyen et une des dernières sources d'approvisionnement du régime en pétrole et en gaz.
Après quatre jours de combats à Zawiyah, l'hôpital restait en revanche aux mains des forces du régime.Les rebelles ont reconnu avoir "des difficultés" à prendre l'établissement en raison de la présence de "patients civils".
Les rebelles ont par ailleurs assuré avoir "localisé les positions de tous les tireurs embusqués" pro-Kadhafi dans Zawiyah.
A une trentaine de km à l'ouest, les insurgés contrôlaient la quasi-totalité de Sabrata, à l'exception de la partie orientale de la ville, depuis laquelle les pro-Kadhafi tiraient toujours des obus de mortier, selon Abdel-Salam Othman, porte-parole militaire des rebelles dans l'Ouest.
Appuyés par les raids aériens de l'Otan, les insurgés y ont tué 25 soldats pro-Kadhafi et capturé 40 autres, selon la même source.
Sabrata est située, comme Zawiyah, sur la route côtière reliant la Tunisie à Tripoli qui sert à l'approvisionnement du régime.
"L'étau se resserre autour de Tripoli, depuis les montages de l'Ouest, à Sorman, à Zawiyah et sur le flanc est de Tripoli", a affirmé Moustapha Abdeljalil, chef de la rébellion, qui a dit espérer fêter dans la capitale l'Aïd el-Fitr qui marquera la fin du ramadan fin août.
Le président du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion basé à Benghazi (est), a toutefois dit craindre que la bataille pour la prise de Tripoli ne tourne à "une véritable boucherie au vu du comportement de (Mouammar) Kadhafi".
"Kadhafi ne quittera pas facilement le pouvoir, il le fera dans le désastre", a-t-il prédit, dans un entretien publié jeudi par le quotidien panarabe Asharq al-Awsat.
A Tripoli, les coupures d'électricité se multiplient.En outre, des perturbations sur les réseaux de téléphonie mobile ont été constatées mercredi, selon un journaliste de l'AFP sur place.
A 250 km à l'est de Tripoli, les rebelles sont par ailleurs passés mercredi à l'offensive contre la localité d'Al-Hicha, au sud de l'enclave insurgée de Misrata et située sur la route reliant la capitale à Syrte, bastion militaire du régime.
Et jeudi, des combattants de Misrata ont annoncé avoir progressé d'une quarantaine de kilomètres au sud en direction de Syrte, prenant le contrôle d'un pont stratégique sur cet axe.
"Les forces rebelles ont avancé jusqu'au pont d'Aboukran, à 40 kilomètres vers le sud au-delà du pont de Sdada", près de Touarga, au prix de quatre morts insurgés, affirme un communiqué de la rébellion.
Les rebelles ont aussi annoncé contrôler une importante localité du Sud-Ouest saharien.
"Après plus d'une heure de violents combats, nous avons pris le contrôle de Morzuk et de sa garnison militaire", a déclaré à l'AFP Mohamed Wardougou, l'un des responsables d'un groupe de combattants, ajoutant qu'une douzaine de militaires pro-Kadhafi avaient été tués et cinq officiers capturés.
Anticipant la victoire, la rébellion a défini sa nouvelle feuille de route pour l'après-Kadhafi, avec une "déclaration constitutionnelle" qui décrit en 37 articles et sur une dizaine de pages, les grandes étapes de la période de transition suivant une éventuelle chute du colonel Kadhafi.
Le texte, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit de remettre le pouvoir à une Assemblée élue dans un délai de moins d'un an et l'adoption d'une nouvelle Constitution.
M. Abdeljalil a réaffirmé jeudi que le départ de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, était un préalable à toute discussion.
Il a dans cette perspective critiqué le Jordanien Abdel Ilah Khatib, envoyé spécial de l'ONU pour la Libye: "Toutes les initiatives de M. Khatib font fi de cette revendication.Il est venu en Libye trois ou quatre fois et il n'a jamais rencontré Kadhafi mais ses fils et son entourage".
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